3.
Dites-moi donc, je vous en conjure, comment il faut entendre ce passage : « Quiconque ayant gardé toute la loi la viole en un seul point, est coupable comme s'il l'avait violée tout entière. » Est-ce que celui qui aura volé, ou même celui qui aura dit au riche : « Asseyez-vous; » au pauvre : « Restez debout, » sera coupable d'homicide, d'adultère, de sacrilège ? Et s'il n'en est point ainsi, comment celui qui viole la loi en un seul point devient-il coupable comme s'il l'avait violée tout entière? Ce que saint Jacques a dit du riche et du pauvre ne doit-il pas être compris dans ces choses dont la violation partielle équivaut à la violation (440) de toute la loi? Mais rappelons-nous la manière dont le sentiment de l'Apôtre est amené, comment il découle et s'enchaîne : « Mes frères, dit-il, n'ayez pas foi en Jésus-Christ, notre Seigneur de gloire, en faisant acception de personnes. Car s'il entre dans votre assemblée un homme qui ait un anneau d'or et un habit magnifique, et qu'il y entre aussi un pauvre avec un habit misérable, et qu'arrêtant la vue sur celui qui est magnifiquement vêtu, vous lui disiez : assieds-toi ici à ton aise; et que vous disiez au pauvre : reste-là debout ou assieds-toi à mes pied, : n'est-ce pas là juger en vous-mêmes entre l'un et l'autre, et n'êtes-vous pas des juges pleins de pensées injustes? Ecoutez, mes frères bien-aimés : est-ce que Dieu n'a pas choisi les pauvres en ce monde pour les rendre riches dans la foi et héritiers du royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment? Et vous, vous déshonorez le pauvre ! » C'est-à-dire qu'on déshonore le pauvre en lui disant : « Reste-là debout, » tandis qu'on dit à celui qui a un anneau d'or : « Toi, assieds-toi ici à ton aise. » L'Apôtre ajoute ensuite, en développant mieux son sentiment : « Ne sont-ce pas les riches qui vous oppriment par leur puissance, et vous traînent devant les tribunaux? Ne blasphèment-ils pas le saint nom qui est invoqué sur vous? Si vous accomplissez la loi royale de l'Ecriture : Aime ton prochain comme toi-même, vous faites bien : mais si vous faites acception des personnes, vous commettez un péché, et , vous êtes condamnés par la loi comme transgresseurs. » Voyez comme l'Apôtre appelle transgresseurs de la loi ceux qui disent au riche : « Assieds-toi ici, » et au pauvre : « Reste-là debout. » Et pour qu'on ne crût pas que ce fût un petit péché que de violer la loi en ce seul point, voyez comme il ajoute : « Quiconque ayant gardé toute la loi la viole en un seul point, est coupable comme s'il l'avait violée tout entière. Car celui qui a dit : Tu ne commettras pas d'adultère, » dit « aussi : Tu ne tueras pas. Si donc vous ne tuez pas, mais que vous commettiez un adultère, vous devenez transgresseur de la loi. » L'Apôtre avait déjà dit: « Vous êtes condamnés « par la loi comme transgresseurs. » Cela étant ainsi, il résulte, à moins qu'on ne montre qu'il faut l'expliquer d'une autre façon, que celui qui aura dit au riche : « Assieds-toi ici, » et au pauvre : « Reste-là debout, » ne rendant point à celui-ci le même honneur qu'à celui-là, sera idolâtre, blasphémateur, adultère et homicide, et, pour ne pas allonger en énumérant tous les préceptes, coupable de tous les crimes : car « ayant violé la loi en un point, il est coupable comme s'il l'avait violée tout entière. »