8.
C'est en vain que voulant répondre, ils disent : Mais l'homme enfante avec douleur, et c'est sans douleur que Dieu 'a engendré son fils. Ceci ne sert guère leur cause et sert beaucoup la nôtre; car si Dieu permet que les choses temporelles et passibles engendrent ce qu'elles sont; à combien plus forte raison ce Dieu éternel et impassible n'a pas engendré autre chose que ce qu'il est. Dieu unique, un Fils unique ! Notre admiration est d'autant plus inexprimable que dans cette génération du Verbe, opérée sans souffrance, il y a égalité parfaite entre le Père et le Fils, et que l'un n'est ni plus puissant ni plus ancien que l'autre. Si tout ce qu'a le Fils, tout ce qu'il peut, il ne l'attribue pas à lui-même mais au Père, c'est parce qu'il n'est pas par lui-même mais par le Père. Il est égal au Père, mais il a reçu cela du Père; il n'a pas reçu cette égalité pour ne l'avoir pas eue auparavant; mais il est né l'égal du Père, et comme il est né sans commencement, cette égalité n'a jamais commencé. Ainsi Dieu n'a pas engendré son Fils inégal à lui, et ne lui a pas donné l'égalité après sa naissance ; il la lui a donnée en l'engendrant parce qu'il l'a engendré son égal. C'est pourquoi Jésus-Christ n'a rien usurpé en se disant égal à Dieu dans la forme de Dieu 1 ; il est son égal par nature. Il l'a été par sa naissance, et non par une orgueilleuse présomption.
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Philip. II , 6. ↩