1.
J'ai reçu, pour son mérite et à votre recommandation, le prêtre Orose, homme digne d'honneur, mon frère et fils de votre grandeur. Mais nous sommes en un temps difficile où, pour moi, mieux vaut me taire que de parler; mes études sont interrompues, et, selon le mot d'Appius, j'en suis « à l'éloquence des chiens.» Aussi n'ai-je pu répondre pour le moment aux deux livres que vous m'avez adressés, et ou resplendissent le savoir et toutes les beautés de l'éloquence. Ce n'est pas que j'y trouve quelque chose à reprendre, mais, comme dit le bienheureux Apôtre, « que chacun abonde dans son sens ; l'un d'une manière, l'autre de l'autre 1. » Assurément, tout ce qui peut se dire, tout ce qu'un sublime esprit peut puiser aux sources des divines Ecritures, vous l'avez dit et expliqué. J'en supplie votre révérence , souffrez que je loue un peu votre génie. Car nous discutons entre nous pour nous instruire. Mais les envieux et surtout les hérétiques, s'ils voient que nous différons d'opinion, ne manqueront pas, dans leur calomnieux langage, de vouloir faire croire qu'il y a entre vous et moi de l'aigreur. Pour moi je suis bien décidé à vous aimer , à vous considérer , à vous honorer, à vous admirer, et à défendre vos sentiments comme s'ils étaient les miens. Dans le dialogue que j'ai publié naguère 2, je me suis souvenu, comme je le devais; de votre béatitude. Travaillons de plus en plus à extirper du milieu des Eglises cette pernicieuse hérésie, qui prend des airs de pénitence pour qu'on la laisse parler: elle sait bien que si elle se montrait en plein jour, elle serait chassée et mourrait sous l'anathème.