4.
Si donc, aux yeux de votre sainteté même, Pélage a été avec raison absous dans la réunion épiscopale qu'on dit avoir eu lieu en Orient 1; son erreur cependant et son impiété, déjà beaucoup répandues, doivent aussi être anathématisées par l'autorité du Siège Apostolique. Que votre Sainteté, en effet, avec ses entrailles de pasteur, compatisse à nos alarmes, qu'elle considère combien est pernicieuse et mortelle aux brebis du Christ cette conséquence de la nouvelle doctrine, savoir que nous ne devons pas prier de peur de succomber à la tentation comme le Seigneur l'a enseigné à ses disciples 2 et l'a marqué dans son oraison 3 ; ni de peur de défaillir dans notre foi, comme il dit qu'il a prié lui-même pour l'apôtre Pierre 4. Si ces choses-là dépendent de la nature et sont au pouvoir de la volonté, qui donc ne voit que c'est inutilement que le Seigneur les a demandées? Qui ne voit que la prière n'est plus qu'un mensonge , puisqu'on y demande ce qu'on peut obtenir par les forces seules de la nature ? N'est-il pas évident qu'alors le Seigneur Jésus n'a pas dû dire: «Veillez et priez, » mais seulement: « Veillez, pour ne pas succomber à la tentation 5 ? » N'est-il pas évident qu'alors il n'a pas dû dire au bienheureux Pierre, le premier des apôtres: « J'ai prié pour toi, » mais : Je t'avertis, je te commande ou je t'ordonne de ne pas laisser défaillir ta foi ?