42.
Personne ici-bas n'est juste par sa propre justice, c'est-à-dire par une justice qu'il se serait donnée lui-même, mais, comme dit l'Apôtre, « selon la mesure du don de la foi dont Dieu a fait part à chacun. » Il continue ainsi : « De même que nous avons plusieurs membres en un seul corps, mais que tous les membres n'accomplissent pas le même acte, ainsi nous sommes plusieurs ne formant qu'un seul corps en Jésus-Christ 1. » Et c'est pourquoi nul ne saurait être juste tant qu'il demeure séparé de l'unité de ce corps. Un membre retranché du corps d'un homme vivant ne garde plus de vie; ainsi un homme retranché du corps du Christ le juste ne garde plus de justice, même en conservant la forme du membre qu'il a pris du corps. Qu'ils viennent donc se rattacher à ce corps, et qu'ils possèdent le fruit de leurs travaux, non dans un ardent esprit de domination, mais avec la pensée d'en faire un pieux usage. Quant à nous, nous nous justifions, aux yeux même d'un ennemi que nous prendrions pour juge, du honteux reproche de cupidité, quand nous faisons tous nos efforts pour ramener les prétendus possesseurs de ces biens, dans la société catholique où ils pourraient user avec nous et des leurs et des nôtres.
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Rom. XII, 8, 5. ↩