10.
Que l'homme ne se vante donc pas, ni le mérite de sa prière, lors même qu'il obtient de Dieu de vaincre tout désir des choses temporelles, d'aimer les biens éternels et Dieu lui-même, source de tous les biens : c'est la foi qui prie, mais la foi a été donnée quand on ne priait pas et sans elle on ne pourrait pas prier. «Comment invoqueront-ils celui en qui ils ne croient pas? Comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler? Comment en entendront-ils parler sans quelqu'un qui le leur prêche? La foi vient donc par ce qu'on entend, et l'on entend par la parole du Christ 1. » C'est pourquoi le ministre du Christ, prédicateur de cette foi, selon la grâce qui lui a été donnée 2, est celui qui plante et qui arrose; mais « ce n'est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose; tout vient de Dieu qui donne l’accroissement 3 » et qui mesure à chacun sa foi. C'est pourquoi aussi, dans un autre endroit, l'Apôtre, après avoir souhaité à ses frères la paix et la charité avec la foi, de peur qu'ils ne s'attribuent la foi, se hâte d'ajouter qu'elle vient « de Dieu le Père et de Notre-Seigneur Jésus-Christ 4; » parce que la foi n'est pas le partage de tous ceux qui entendent la parole de Dieu, et que c'est Dieu qui la mesure a chacun, comme rien de ce qui est planté et arrosé ne germe si Dieu n'y donne l'accroissement. Pourquoi l'un croit-il et l'autre ne croit-il pas, quoique tous deux aient entendu la même chose ou vu le même miracle? La réponse est cachée dans la profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu, dont les jugements sont impénétrables, et en qui il n'y a point d'injustice lorsqu'il a pitié de qui il veut et qu'il endurcit qui il veut 5 : et parce que ce sont des secrets, ce ne sont pas pour cela des injustices.