5.
Ainsi l'avantage de la loi c'est de montrer l'homme à lui-même, afin qu'il connaisse sa faiblesse et qu'il voie comment la prohibition accroît la concupiscence charnelle au lieu (le la guérir. On désire toujours plus ardemment ce qui est défendu, lorsqu'on demeure charnel en présence d'une prescription spirituelle. Mais ce n'est point par la loi elle-même; c'est par la grâce qu'on devient spirituel pour l'accomplissement de la loi spirituelle ; c'est-à-dire que ce n'est point par l'effet d'un commandement , c'est par un bienfait ; ce n'est point par la lettre qui ordonne, c'est par l'Esprit qui vient en aide. Mais l'homme intérieur commence à se renouveler selon la grâce 1, afin de faire ce qu'il aime, et de ne donner pas son consentement à la chair lorsqu'elle fait ce qu'il hait ; il ne s'agit pas d'éteindre entièrement la concupiscence, il s'agit de ne plus se laisser aller à ses désirs. En vérité c'est là une si grande chose que si elle s'accomplissait de toute manière, et que si, malgré nos désirs de péché tant que nous sommes dans le corps de cette mort, nous ne donnions notre consentement à aucun d'eux, nous n'aurions plus à dire à notre Père qui est aux cieux : « Pardonnez-nous nos offenses 2. » Pourtant nous ne serions jamais comme nous serons quand ce corps mortel aura revêtu l'immortalité : car alors non-seulement nous n'obéirons plus à aucun désir de péché, mais il n'y aura plus en nous de désirs auxquels il faille résister.