47.
Ce ne sont pas seulement les Romains, mais toutes les nations que le Seigneur a promises par serment à la race d'Abraham 1. Par suite de ces promesses divines, il est déjà arrivé que des nations non soumises à la domination romaine ont reçu l'Evangile et se sont unies à l'Eglise qui fructifie et croît dans le monde entier. L'Eglise a de quoi s'étendre encore jusqu'à ce que s'accomplisse ce qui est prédit du Christ sous la figure de Salomon : « Il régnera d'une mer à l'autre mer, et depuis le fleuve jusqu'aux extrémités de la terre 2. » « Depuis le fleuve, » c'est-à-dire depuis le lieu où le Seigneur a été baptisé; car c'est de là qu'il a commencé à prêcher l'Evangile. « D'une mer à l'autre mer,» c'est-à-dire le monde avec toutes les nations, parce que l'Océan entoure toute la terre. Comment s'accomplirait autrement cette prophétie : « Toutes les nations que vous avez faites viendront, Seigneur, et se prosterneront devant vous 3 ? » Ces nations ne viendront pas en quittant les lieux qu'elles habitent, mais en croyant là où elles se trouvent. Le Seigneur a dit de ceux qui croient : « Personne ne peut venir à moi, s'il ne lui est donné par mon Père 4.» Le Prophète dit, de son côté : « Chacun l'adorera dans le pays qu'il habite; toutes les îles des nations l'adoreront 5. » Il dit toutes les îles, comme s'il disait : même toutes les îles. Par là il fait voir qu'il n'y aura pas de coins de terre où l'Eglise ne se répande, puisque l'Evangile pénétrera au sein des îles, dont quelques-unes sont situées dans l'Océan; et nous savons qu'il en est déjà qui ont reçu la foi. Ainsi, pour chacune de ces îles, s'accomplissent également ces paroles : « Il dominera d'une mer à l'autre,» puisque chaque île est environnée de la mer; la prophétie du Psalmiste les comprend comme elle comprend toute la terre, qui est en quelque sorte comme la plus grande des îles , car l'Océan l'environne. Nous savons que déjà l'Eglise est établie vers le côté occidental de l'Océan : elle ira sur tous les points de ces rivages où elle n'est point parvenue encore, parce qu'elle fructifie et croît sans cesse.