17.
Vous demandez si chacun des traits de notre corps est formé par le Dieu créateur. Cela ne vous préoccupera point, si , dans la mesure de ce que peut l'esprit humain , vous comprenez la puissance de l'action divine. Comment nier que tout ce qui se crée présentement soit l'oeuvre de Dieu, puisque le Seigneur a dit : « Mon Père agit sans cesse 1 ? » Le repos du septième jour doit donc s'entendre en ce sens que Dieu a cessé de créer les natures elles-mêmes et non pas de les gouverner. Ainsi, quand le Créateur gouverne la nature des choses, et que tout naît selon l'ordre, en des lieux et des temps marqués, Dieu agit sans cesse. Car si Dieu ne formait pas ces choses, comment aurait-il pu dire au Prophète : « Avant que je t'eusse formé dans le sein de ta mère, je te connaissais 2? » Et quel sens auraient ces paroles de l'Evangile : « Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui est aujourd'hui , et qui demain sera jetée dans la fournaise? » Voudra-t-on croire par hasard que Dieu revêt l'herbe et que Dieu ne forme pas les corps? Lorsque l'Evangile dit que Dieu « revêt, » il ne parle pas d'un ordre établi dès le commencement de la création, mais il parle d'une opération présente. C'est le sens aussi des paroles de l'Apôtre sur les semences, que j'ai citées plus haut : « Tu ne sèmes pas le corps qui doit être, mais seulement le grain, soit du blé, soit de toute autre semence; mais Dieu lui donne le corps comme il veut 3. » L'Apôtre ne dit pas : Dieu a donné ou disposé, mais Dieu « donne ; » par là il nous fait comprendre que la sagesse du Créateur agit réellement pour créer chaque jour ce qui naît en son temps. C'est cette sagesse dont il a été dit qu'elle atteint fortement d'une extrémité à l'autre et qu'elle dispose (non pas qu'elle a disposé) toute chose avec douceur 4. Ce serait beaucoup que de savoir, même un peu, comment des choses changeantes et temporelles sont faites, non point par des mouvements changeants et temporels du Créateur, mais par une force éternelle et toujours la même.