8.
C'est pourquoi , mes bien-aimés, quiconque prétend que sa volonté lui suffit pour faire de bonnes oeuvres, se détourne à droite. Et ceux-là se détournent à gauche qui pensent qu'il faut cesser de bien vivre, lorsqu'ils entendent prêcher et prouver que la grâce de Dieu elle-même rend bonnes les mauvaises volontés des hommes et les maintient telles qu'elle les a faites, et qui disent pour ce motif : « Faisons le mal afin qu'il en arrive du bien 1. » Voilà pourquoi le Sage vous dit : « Ne vous détournez ni à droite ni à gauche, » c'est-à-dire , ne défendez pas le libre arbitre jusqu'à lui attribuer les bonnes oeuvres sans la grâce de Dieu, et ne défendez pas la grâce de façon à vous tenir pour assurés de son secours et à aimer les oeuvres mauvaises : que la grâce de Dieu vous en préserve, car ce sont ceux-là que l'Apôtre fait parler ainsi dans son épître aux Romains : « Que dirons-nous donc ? demeurerons-nous dans le péché pour que la grâce abonde 2 ? » L'Apôtre répond comme il doit à ces paroles d'hommes qui se trompent et qui ne comprennent pas la grâce de Dieu: « à Dieu ne plaise ! s'écrie saint Paul ; car si nous « sommes morts au péché, comment vivrons-nous dans le péché 3 ? » Rien de plus court et de mieux. Dans ce monde en effet où le mal est si grand, quel plus grand bien pouvons-nous recevoir de la grâce de Dieu, que de mourir au péché ? Celui-là donc sera ingrat envers la grâce qui voudra vivre dans le péché à cause de cette même grâce par laquelle nous mourons au péché. Que Dieu qui est riche en miséricorde, vous donne de goûter le vrai, et de persévérer jusqu'à la fin dans un pieux dessein. Demandez-le avec instance et avec soin dans une paix fraternelle, demandez-le pour vous, pour nous, pour tous ceux qui vous aiment et pour ceux qui vous haïssent. Vivez avec Dieu. Si vous voulez me faire plaisir, envoyez-moi le frère Florus 4.