4.
Mais quelquefois, seigneur pape, la joie sort de la tristesse, et aujourd'hui nous sommes consolés, car l'ignorance et la curiosité de nos frères nous ont valu d'être éclairés par les plus suaves avertissements de votre sainteté. Le doute du bienheureux Thomas demandant à toucher la place des clous 1, a servi à confirmer toute l'Eglise. Nous avons donc reçu, seigneur pape, le remède que vos soins pieux nous ont envoyé avec la grâce de vos lettres, et nous avons frappé notre poitrine pour que notre conscience soit guérie : elle ne peut l'être que par la grâce vivifiante et au moyen du libre arbitre qui est aussi un don de la miséricorde de Dieu. Ce secours d'en-haut est approprié à la vie présente où nous chantons encore la miséricorde du Seigneur en attendant d'autres manifestations. Quand nous commencerons à chanter le jugement divin, nous serons récompensés de nos œuvres, parce que le Seigneur est miséricordieux et juste, compatissant et droit 2; parce que, comme votre sainteté nous l'enseigne, « il nous faudra comparaître devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive ce qui est dû aux bonnes ou aux mauvaises actions qu'il aura faites pendant qu'il était revêtu de son corps 3; parce que le Seigneur viendra et sa récompense avec lui 4; parce que l'homme sera debout avec son oeuvre devant lui; le Seigneur viendra a comme une fournaise ardente pour consumer à les impies comme de la paille 5; parce que le Seigneur se lèvera comme un soleil de justice pour ceux qui craignent son nom, pendant que les impies seront punis par sa justice 6. » C'est ce que redoutait avec tremblement le juste dont vous êtes l'ami, lorsqu'il disait en gémissant : « Seigneur, n'entrez pas en jugement avec votre serviteur 7. » Si la grâce était une récompense, le juste ne craindrait pas le jugement caché dans les secrets de la majesté divine. Telle est la foi de votre serviteur Florus, ô pitre; elle n'est pas ce qu'ont pu vous dire les autres frères. Ceux-ci ont entendu Florus dire lui-même que c'est par la grâce du Rédempteur et non pas selon nos mérites que la piété nous est donnée; car pour cet autre jour du jugement,qui doute que la grâce en soit bien loin, puisque c'est alors que la justice commencera à s'irriter? C'est ce que nous crions, ô père! c'est ce que, d'après vos enseignements, nous chantons, non pas avec sécurité, mais avec tremblement : « Seigneur, ne nous reprenez pas dans votre fureur, et ne nous châtiez pas dans votre colère 8.» Nous disons encore : « Corrigez-nous, Seigneur, instruisez-nous de votre loi, afin que nous soyons préservés dans les jours mauvais 9. » Nous croyons, d'après vous, vénérable père, que Dieu interrogera le juste et l'impie, que, les bons et les mauvais étant placés, les uns à sa droite, les autres à sa gauche,.il récompensera, les uns de leurs oeuvres de piété et punira les autres de leur obstination dans le mal. Où sera la grâce, lorsque les oeuvres bonnes ou mauvaises seront comptées et jugées ?