11.
Mais le Médiateur lui-même entre « dans la maison du fort 1,» c'est-à-dire dans ce monde où l'on meurt et qui est placé sous la puissance du démon, autant que le démon l'a pu; c'est de lui qu'il est écrit qu'il a « l'empire de la mort 2. » Le Médiateur entre dans la maison du fort, c'est-à-dire de celui qui tient le genre humain sous sa domination; et d'abord il le lie, c'est-à-dire qu'il réprime et arrête sa puissance par les liens plus forts de la sienne ; c'est ainsi qu'il tire de l'empire du démon les vases qu'il a prédestinés à être des vases d'honneur; il le fait en délivrant leur volonté de sa puissance afin que, dégagés des étreintes du diable, ils croient en leur Libérateur avec leur pleine volonté devenue libre. C'est là l'ouvrage de la grâce et non pas de la nature. C'est, dis-je, l'ouvrage de la grâce que nous a apportée le second Adam, et non pas de là nature que le premier Adam a perdue en se perdant. C'est l'ouvrage de la grâce qui ôte le péché et donne la vie au pécheur qui est mort aux yeux de Dieu; ce n'est pas l'ouvrage de la loi qui montre le péché et ne délivre pas de la mort du péché. Car le grand prédicateur de la grâce a dit : « Je n'ai connu le péché que par la loi 3; si une loi nous avait été donnée qui pût nous rendre la vie, dit encore l'Apôtre, c'est entièrement de la loi que viendrait la justice 4.» C'est l'ouvrage de la grâce : ceux qui la reçoivent, quoiqu'ils aient été auparavant les ennemis de la: doctrine salutaire des saintes Ecritures, en deviennent les amis. Ce n'est pas l'ouvrage de la doctrine elle-même : ceux qui l'entendent ou la lisent sans la grâce de Dieu, deviennent pis.