12.
La grâce de Dieu ne consiste donc pas dans la force du libre arbitre ni dans la loi et la doctrine, comme le prétendent les pélagiens avec tant de perversité et d'extravagance; mais elle est donnée pour chacune de nos actions au gré de celui dont il a été écrit ; « Vous réserverez, ô mon Dieu, selon votre volonté, une pluie pour votre héritage 1. » En effet, l'énormité du péché du premier homme nous a fait perdre le libre arbitre pour aimer Dieu, et la loi de Dieu tue, quoique sainte, juste et bonne 2 si l'Esprit ne la vivifie 3 : par l'assistance (le cet Esprit , nous ne nous contentons pas d'entendre la parole divine, noies lui obéissons; nous ne lisons pas seulement ce qu'elle prescrit, nous l'aimons. Aussi, croire en Dieu et vivre pieusement, cela ne vient pas « de celui qui veut ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde 4. » Ce n'est pas qu'il ne faille point vouloir ni courir, mais Dieu lui-même opère en nous « le vouloir et le courir. » C'est pourquoi le Seigneur Jésus, séparant ceux qui croient de ceux qui ne croient pas, c'est-à-dire les vases de miséricorde des vases de colère, nous apprend que « personne ne vient à lui s'il ne lui a été donné par son Père 5; » ce qui fit parler ainsi le Sauveur, c'est que quelques-uns de ses disciples, qui le quittèrent ensuite, s'étaient scandalisés de sa doctrine. Ne disons donc pas que la grâce est dans la doctrine, mais reconnaissons la grâce, qui fait que la doctrine nous sert : si cette grâce manque, nous voyons que la doctrine est elle-même nuisible.