10.
Mais peut-être me demandez-vous encore une fois comment vous pourriez pratiquer ces conseils au milieu de tant de nécessités de ce monde qui vous enveloppent. Priez fortement et dites à Dieu, comme le Psalmiste : « Délivrez-moi des maux qui m'accablent 1.» Ces maux finissent lorsque ces cupidités sont vaincues. Celui qui, exauçant vos prières et les nôtres, vous a sauvé de tant et de si grands dangers dans ces guerres visibles où l'âme n'est pas exposée quand elle est affranchie de mauvais désirs, mais la vie seulement et une vie qui doit finir; Celui-là, dis-je, vous exaucera pour que vous triomphiez des ennemis intérieurs et invisibles, c'est-à-dire pour que vous domptiez invisiblement et spirituellement vos passions, et que vous usiez de ce monde comme n'en usant pas; il permettra que vous changiez en biens véritables les biens de ce monde, et que leur possession ne vous rende pas mauvais. Et d'ailleurs ce sont aussi des biens; les hommes ne les reçoivent pas d'un autre que de Celui dont le pouvoir s'étend sur toutes les choses du ciel et de la terre. De peur qu'on ne croie que ce soit des maux, Dieu les donne aussi aux bons; mais de pur qu'on ne croie que ce soit de grands et (le souverains biens, Dieu les donne aux méchants; et quand il les ôte aux bons, c'est une épreuve; aux méchants, c'est un supplice.
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Psaum. XXIV, 17. ↩