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Mais comme nous ne, trouvons pas, ainsi que je l'ai remarqué plus haut, dans les Evangiles et les écrits des apôtres appartenant à la révélation du Nouveau Testament, en quels jours il faut particulièrement observer le jeûne, ce qui, joint à d'autres choses difficiles à énumérer, forme la variété dans la robe de la fille du roi qui est l'Eglise, je vous citerai ce que me répondit, à ce sujet, le vénérable Ambroise, évêque de Milan, par qui j'ai été baptisé. Ma mère se trouvait avec moi à Milan; ceux qui n'étaient que catéchumènes, comme moi, s'occupaient peu de ces questions du jeûne, mais elle s'inquiétait de savoir si elle devait jeûner le samedi, selon la coutume de notre ville, ou ne pas jeûner, selon la coutume de l'Eglise de Milan. Voulant délivrer ma mère de sa peine, j'interrogeai cet homme de Dieu: « Puis-je enseigner là-dessus plus que je ne fais moi-même? » J'avais cru que, par cette réponse, il nous avait seulement prescrit de ne pas jeîner le samedi; je savais qu'il faisait ainsi lui-même; mais il ajouta : « Quand je suis ici, je ne jeûne pas le samedi; quand je suis à Rome, je jeûne le samedi : dans quelque Eglise que vous vous trouviez, dit-il encore, suivez sa coutume, si vous ne voulez ni souffrir ni causer du scandale. » Je rapportai à ma mère cette réponse qui lui suffit ; elle n'hésita pas à obéir : nous suivîmes nous-même cette règle. Mais parce qu'il arrive, surtout en Afrique, que, dans une même Eglise ou dans des Eglises d'une même contrée, les uns jeûnent le samedi et les autres ne jeûnent pas, il me parait qu'on doit suivre l'usage de ceux à qui est confié le gouvernement spirituel de ces mêmes peuples. C'est pourquoi, si vous voulez bien vous en tenir à mon avis, surtout après que, par vos demandes et vos instances, j'ai parlé sur cette question plus longuement que suffisamment, ne résistez pas là-dessus à votre évêque, et faites, sans aucun scrupule et sans discussion, ce qu'il fait lui-même.