16.
Pourquoi s'étonner ? Voilà ce que fait la paix, non la paix ordinaire, ni celle qui est si louable en cette vie et provient de l'union et de la charité des fidèles; mais la paix de Dieu qui, selon le mot de l'Apôtre, « surpasse tout entendement 1 ; » cet entendement, c'est le nôtre, c'est celui de toute créature capable de raison. C'est pourquoi, en considérant notre faiblesse et en entendant cet aveu de l'Apôtre : « Mes frères, je ne pense pas avoir atteint où j'aspire 2; celui qui croit savoir quelque chose ne sait pas encore comment il faut savoir 3 ; » conférons autant qu'il nous est possible sur les divines Ecritures sans esprit de contention, sans chercher, par un sentiment de vanité puérile, à nous vaincre les uns les autres, afin que ce soit plutôt la paix du Christ qui triomphe dans nos coeurs 4, autant qu'il nous est donné de pouvoir la goûter en ce monde; songeant à cette paix fraternelle qui de tant d'âmes et de tant de coeurs différents ne fait qu'une âme et qu'un coeur en Dieu ; croyons bien mieux encore, comme c'est le devoir de la piété, que, dans cette paix de Dieu qui surpasse tout entendement, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas trois dieux, mais un seul Dieu. Cette union des personnes divines est autant au-dessus de l'union des fidèles ne faisant qu'un coeur et qu'une âme, que la paix de Dieu « qui surpasse tout entendement, » est au-dessus de la paix évangélique et fraternelle des chrétiens.