3.
Une populace de femmes vous environne, le nombre de vos concubines croît de jour en jour; et vous voulez qu'évêque, je vous écoute de sang-froid, vous, le maître ou plutôt l'esclave de cette bande immonde, quand vous venez, au nom de l'amitié , me demander l'éloge funèbre d'une chaste épouse comme pour adoucir votre douleur ! A l'époque où, sans être encore catéchumène, jeune encore, un peu moins jeune que moi, vous partagiez mes erreurs, vous vous étiez tiré des habitudes impures par la force de votre volonté; peu de temps après , vous retombâtes dans les mêmes souillures; plus tard, vous trouvant en danger de mort, vous reçûtes le baptême; maintenant je ne dirai pas que vous êtes vieux , mais moi je suis vieux et, de plus, évêque, et je n'ai rien pu encore pour vous faire changer de vie 1 Vous voulez que je vous console de la mort d'une vertueuse épouse; mais qui me consolera de votre mort plus réelle que la sienne ? Et parce que je ne saurais oublier tant de services que vous m'avez rendus, dois-je être encore torturé par vos moeurs corrompues, dois-je être méprisé , compté pour rien , quand je vous adresse mes gémissements sur vous-même? Mais je ne suis rien , je l'avoue, pour vous corriger et vous guérir; tournez-vous vers Dieu, songez au Christ, écoutez ces paroles» de l'Apôtre : « Arracherai-je au Christ ses membres pour en faire les membres d'une prostituée 1 ? » Si vous méprisez dans votre coeur les paroles d'un évêque, votre ami, pensez que le corps de votre Seigneur fait partie du vôtre : comment, enfin, pouvez-vous continuer à pécher en différant votre conversion de jour en jour, puisque vous ne savez pas quand ce dernier jour viendra?
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I Cor. VI, 15. ↩