2.
Assurément, c'est un sujet de larmes de ne plus voir ce frère qui vous aimait tant, et qui vous témoignait tant de respect à cause de votre vie et de votre sainte profession de vierge; il est triste pour vous de ne plus voir, comme de coutume, ce diacre de l'Eglise de Carthage entrer et sortir et remplir ses fonctions avec zèle, de ne plus entendre ces pieux et édifiants discours qu'il adressait à votre sainteté fraternelle avec un amour complaisant, pieux et dévoué. Lorsqu'on pense à ces choses, et que, par la force de la coutume, on les redemande, hélas ! vainement, le coeur est percé , et les larmes coulent comme le sang du coeur. Mais que le tueur se tienne en haut, et il n'y aura plus de pleurs dans les yeux. Quoique vous ayez perdu, dans le cours du temps, ce qui est maintenant l'objet de vos regrets, il n'a pas péri cet amour avec lequel Timothée 1 aimait et aime encore Sapida ; cet amour demeure dans son trésor, et il est caché avec le Christ dans le Seigneur. Ceux qui aiment l'or le perdent-ils lorsqu'ils le cachent ? Ne pensent-ils pas, au contraire, le posséder avec plus de sécurité, en le gardant ainsi, loin de leurs propres yeux ? La cupidité terrestre se croit plus sûre de son trésor, si elle ne voit pas ce qu'elle aime; et le céleste amour s'afflige, comme s'il avait perdu ce qu'il a placé d'avance dans le dépôt éternel ! Sapida, faites attention à ce que veut dire votre nom; goûtez 2 les choses d'en-haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu 3. Il a daigné mourir pour nous, afin que nous vivions, même après que nous sommes morts ; afin que l'homme ne redoute plus la mort comme l'anéantissement de l'homme, et que nous ne pleurions pas, comme ayant perdu la vie, les morts pour lesquels celui qui est la Vie a voulu mourir. Voilà les consolations divines devant lesquelles la tristesse humaine doit avoir honte et s'effacer.