8.
Voici maintenant ce qui se lit dans les Proverbes : « Le sage demeure comme le soleil, mais l'insensé change comme la lune 1. » Et quel est le sage qui demeure si ce n'est le Soleil de justice de qui il a été dit : « Le soleil de justice s'est levé pour moi? » et que les impies au dernier jour déploreront de n'avoir pas vu se lever pour eux? « La lumière de la justice n'a pas lui pour nous, diront-ils, et le soleil de la justice ne s'est pas levé pour nous 2. » Car Dieu qui fait pleuvoir sur les justes et les injustes, fait lever, aux yeux de la chair, ce soleil visible sur les bons et les méchants. Mais souvent des comparaisons nous conduisent des choses visibles aux choses invisibles. Quel est donc cet insensé qui change comme la lune, si ce n'est Adam en qui tous ont péché? Quand l'âme humaine s'éloigne du soleil de la justice, c'est-à-dire de la contemplation intérieure de l'immuable Vérité, elle tourne toutes ses forcés vers les choses du dehors, et s'obscurcit de plus en plus dans ce qu'elle a de haut et de profond; et lorsqu'elle commence à revenir à cette immuable sagesse, plus elle s'en approche avec une piété tendre, plus l'homme extérieur se détruit; mais, de jour en jour, l'intérieur se renouvelle, et toute cette lumière de l'esprit qui descendait vers les choses d'en-bas se tourne en haut: l'âme est ainsi détournée en quelque sorte de la terre, pour mourir de plus en plus à ce monde, et cacher sa vie en Dieu avec le Christ.