22.
C'est pour ce motif que parmi les dix préceptes du Décalogue, celui du sabbat est le seul qui se doive prendre d'une manière figurée : et ce précepte figuré, nous n'avions point à l'observer par l'oisiveté du corps; il nous suffit de le comprendre. En effet, le sabbat représente le repos spirituel dont il a été dit dans le psaume : « Soyez dans le repos et voyez que c'est moi qui suis Dieu 1 ; » ce repos auquel le Seigneur lui-même convie les hommes, en leur disant : « Venez à moi, vous tous qui souffrez et qui êtes chargés, et moi je vous soulagerai; portez mon joug, et apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos pour vos âmes 2. » Quant aux autres préceptes du Décalogue, nous les observons tels quels et sans figures: c'est à la lettré que nous avons appris à ne pas adorer les idoles, à ne pas prendre en vain le nom du Seigneur notre Dieu, à honorer notre père et notre mère, à ne pas commettre d'adultère, à ne pas tuer, à ne pas voler, à ne pas porter un faux témoignage, à ne pas désirer la femme du prochain, à ne rien convoiter de ce qui appartient à autrui 3 ; ces commandements n'offrent rien de figuré ni de mystique; on les observe comme ils sonnent à l'oreille. Mais il ne nous est pas ordonné d'observer à la lettre le jour du sabbat, par la cessation de tout labeur manuel, comme font les Juifs; et la manière dont ils accomplissent ce précepte, si l'on n'y joint l'idée de quelque repos spirituel, nous semble ridicule. Aussi pensons-nous avec raison que tout ce qui est figure dans l'Écriture excite cet amour par, lequel nous tendons au repos; car il n'y a de figuré dans le Décalogue que le précepte du repos, de ce repos que partout on cherche et on aime , et qu'on trouve véritablement et saintement. en Dieu seul.