2.
Ceux qui vous ont vu de ma part m'ont écrit a que, pressé sur cette question de Primien, vous avez répondu gaie. a nouvellement « ordonné, vous ne pouvez pas vous constituer le juge de votre père et que vous demeurez dans ce que vous avez reçu de vos prédécesseurs. » C'est ici que je gémis sur l'état de contrainte où vous vous êtes placé, d'autant plus que, d'après ce que j'entends; vous êtes un jeune homme d'un bon naturel. Il n'y a qu'une mauvaise cause qui puisse forcer à une réponse semblable. Mais si vous y réfléchissez, mon cher frère, si vous jugez sainement, si vous craignez Dieu, il n'y a pas de nécessité qui puisse vous obliger à persévérer dans une cause mauvaise. Cette réponse de votre part ne résout pas la question que je vous ai posée, mais elle absout nôtre cause de tous vos prétextes de calomnie. Vans dites que, nouvellement ordonné, vous ne pouvez pas vous constituer le juge de votre père, mais que vous demeurez dans ce que vous avez reçu de vos prédécesseurs. Pourquoi ne demeurerions-nous pas plutôt dans l'Eglise que le témoignage de l'Ecriture nous montre commençant à Jérusalem, portant des fruits et se développant au milieu de toutes les nations 1, et que nous avons reçue du Christ Notre-Seigneur par les apôtres? Pourquoi serions-nous jugés pour les faits de je ne sais quels pères, et dont la date remonterait à environ cent ans? Si vous n'osez pas juger votre père qui vit encore, que vous pouvez interroger, pourquoi veut-on que je juge celui qui est mort longtemps avant que je fusse né? Et pourquoi veut-on que les nations chrétiennes jugent les Africains traditeurs, morts il y a tant d'années, et que, même pendant leur vie, tant de chrétiens contemporains n'ont pu ni entendre ni connaître à la longue distance où ils se trouvaient? Vous n'osez pas juger Primien qui est encore là et qui vous est connu; pourquoi m'obligez-vous de juger Cécilien qui est du temps passé et que je ne connais pas? Si vous ne jugez pas vos pères sur leurs propres oeuvres, pourquoi jugez-vous vos frères sur des faits qui leur sont étrangers?
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Act. I, 8. ↩