14.
Pour vous, mon très-cher fils, priez Dieu fortement et pieusement afin qu'il vous accorde la grâce de comprendre, et que les enseignements qui vous seront donnés du dehors vous deviennent profitables : « Ni celui qui plante, ni celui qui arrose ne sont rien, mais Dieu est tout, Dieu qui donne l'accroissement 1. » Nous lui disons: « Notre Père qui êtes aux cieux 2, » non point parce qu'il est là et n'est pas ici, lui qui est partout et tout entier par sa présence incorporelle ; mais nous voulons dire qu'il habite en ceux dont il soutient la piété, et ceux-là surtout sont dans les cieux: c'est là aussi qu'est notre conversation, si notre bouche est véridique quand elle répond que nous tenons haut notre coeur. Lors même que nous prendrions dans leur sens matériel ces paroles d'Isaïe : « Le ciel est mon trône, la terre est mon marche-pied 3, » nous devrions croire que Dieu est là et ici: cependant il ne serait point là tout entier, puisqu'ici seraient ses pieds; ni tout entier ici, puisqu'il aurait là les parties supérieures de son corps. Cet autre passage doit faire disparaître toute pensée grossière: « Qui a mesuré le ciel avec sa main et la terre avec son poing 4? » Car qui peut s'asseoir sur sa main étendue ou poser ses pieds sur ce qu'il saisirait avec son poing? Pour tomber dans ces absurdités, ce serait peu d'attribuer des membres humains à la substance de Dieu; il faudrait encore lui prêter des membres monstrueux, de façon que sa main fût plus large que ses reins et son poing plus étendu que ses deux mains rapprochées. Le désaccord que présenterait le sens charnel de ces endroits de l'Ecriture, nous avertit qu'il ne faut y chercher qu'un sens spirituel inexprimable.