1.
Un homme éminent, mon fils Ruférius, votre allié, m'a instruit du voeu que vous avez fait au Seigneur; j'ai été heureux de ce qu'il m'a dit, mais, craignant les inspirations mauvaises du tentateur qui depuis bien longtemps n'aime pas de si saintes oeuvres, j'ai cru devoir engager brièvement votre charité, illustre seigneur, honorable et cher fils, à méditer ces divines paroles: « Ne tardez pas à vous convertir au Seigneur, et ne différez pas de jour en jour 1. » J'ai voulu aussi vous engager à vous acquitter de votre veau envers celui qui exige ce qui lui est dû et tient ce qu'il a promis; car il est aussi écrit: « Faites des veaux au Seigneur a votre Dieu et accomplissez-les 2. » Quand même vous n'auriez fait aucun voeu, quel meilleur conseil, quoi de meilleur pour l'homme que de se restituer à celui qui l'a créé, surtout parce que Dieu nous a tant aimés, qu'il a envoyé son fils unique, afin de mourir pour nous. Reste donc à accomplir la parole de l'Apôtre, lorsqu'il dit que le Christ est mort « afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour « eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et « ressuscité pour eux 3. » Peut-on encore aimer le monde, brisé par tant de désastres 4, qu'il en a perdu même le fantôme de ses séductions? Autant il fallait louer et exalter ceux qui dédaignaient de briller avec un monde dans son éclat; autant il faut blâmer et accuser ceux qui mettent leurs délices à périr avec un monde périssant.