12.
Voulons-nous qu'ils souhaitent, par-dessus la santé , des honneurs et du pouvoir pour eux et pour ceux qu'ils aiment? Ils peuvent désirer ces dignités, pourvu que ce ne soit pas pour elles-mêmes, ruais pour le bien qu'elles aident à accomplir et pour l'avantage de ceux qui vivent sous leur dépendance; litais si c'est pour l'amour d'un vain faste et d'une pompe inutile ou même dangereuse, ils font mal. Peuvent-ils vouloir pour eux, pour leurs proches ou leurs amis, de quoi suffire aux besoins de la vie? « C'est une grande richesse, dit l'Apôtre, que la piété avec ce qui suffit ; car nous n'avons rien apporté en ce monde et nous n'en pouvons rien emporter : ayant notre nourriture et notre vêtement, contentons-nous en. Parce que ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation, les pièges, les désirs insensés et dangereux qui précipitent les hommes dans la mort et la perdition. Car la passion des richesses est la racine de tous les maux; quelques-uns, en étant possédés, se sont écartés de la foi et se sont jetés en beaucoup de douleurs 1. » Celui qui veut donc le nécessaire, et rien de plus , n'est pas répréhensible; il le serait en voulant davantage, puisqu'alors ce ne serait plus le nécessaire qu'il voudrait. C'est ce que demandait et c'est pour cela que priait celui qui adressait à Dieu ces paroles: « Ne me donnez ni les richesses ni la pauvreté ; accordez-moi seulement ce qui m'est nécessaire pour vivre , de peur que, rassasié, je ne tombe dans le mensonge et je ne dise : Qui me voit? ou de peur que, pauvre, je ne vole, et que je n'outrage, par un parjure, le nom de mon Dieu 2. » Vous voyez assurément que ce n'est pas pour lui-même qu'on recherche le nécessaire , mais pour la conservation de la santé et ce convenable entretien de la personne de l'homme, sans quoi on ne pourrait pas paraître décemment au milieu de ceux avec qui des devoirs mutuels nous obligent à vivre.