89.
Si donc nous sommes embrasés de l'amour de l'éternité, haïssons les liens du temps. L'homme doit aimer son. prochain comme soi-même: or, personne n'est à lui-même son père, son fils, son parent, son allié, ni rien de tout cela; il est seulement un homme. Donc aimer son prochain comme soi-même, c'est aimer en lui ce que l'on est soi-même. Le corps n'est point en nous ce que nous sommes; il ne faut donc ni le rechercher, ni le désirer en qui que ce soit; et nous pouvons appliquer ici cette sentence de l'Écriture,: « Ne désire pas le bien d'autrui1 ». Ainsi celui qui aime dans le prochain ce que lui-même n'est point à ses propres yeux, ne l'aime pas comme il s'aime. C'est la nature humaine qu'il faut aimer, soit parfaite, soit appelée à le devenir, sans considérer les rapports de parenté. Ainsi, ayant le même Dieu pour père, ceux qui l'aiment et font sa volonté, sont tous de la même famille. Ils sont de plus les uns pour les autres des pères en s'avertissant, des fils par leur déférence mutuelle; ils sont frères surtout, parce que leur unique Père les appelle tous, par son testament, à l'héritage du même bonheur.
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Exod. XX,17. ↩