92.
Dans les fatigues où l'appelle son devoir, toujours il est soutenu par le sûr espoir du repos à venir. Qui peut lui nuire, quand il sait tirer avantage de son ennemi même? Appuyé sur le secours de Celui qui lui commande d'aimer ses ennemis et lui en fait la grâce, il ne redoute pas les inimitiés. Ne point s'attrister est trop peu pour sa charité ; il lui faut la joie dans les tribulations. Il sait « que la tribulation produit la patience , la patience l'épreuve, l'épreuve l'espérance ; or l'espérance ne confond point; car l'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l'Esprit- Saint qui nous a été donné1. » Qui pourra le blesser ? qui pourra l'assujétir ? Il profite de la prospérité, et l'adversité lui apprend quels progrès il a faits. A-t-il en abondance les biens périssables ? Il n'y met point sa confiance. Viennent-ils à lui échapper? Il voit s'ils n'ont point séduit son coeur. Souvent en effet, quand nous les possédons, nous croyons ne point les aimer; mais s'ils nous quittent, nous découvrons ce que nous sommes. Quand nous n'avons pas aimé, nous perdons sans douleur. Quoiqu'on paraisse vaincre , on est donc vaincu, quand on acquiert en triomphant ce qu'on ne pourra perdre sans amertume ; on triomphe au contraire, quoiqu'on paraisse vaincu, quand en cédant on arrive à ce qu'on ne peut perdre malgré soi.
-
Rom. V, 3-5. ↩