52.
Nous venons d'exposer les avantages de l'autorité aussi longuement que semble l'exiger notre sujet: examinons maintenant de quelle manière la raison peut s'élever du monde visible au monde invisible, du temps à l'éternité. Ce n'est point pour nous livrer à un délassement frivole que nous devons contempler la beauté du ciel, le cours des astres, l'éclat de la lumière, la succession des jours et des nuits, le mensuel mouvement de la lune, les quatre saisons de l'année s'harmonisant avec les quatre éléments de la nature, les propriétés des semences qui renouvellent les espèces et les nombres, enfin toutes les créatures conservant immuables leur forme et leur nature particulières. Ces spectacles ne doivent pas nourrir une vaine curiosité de quelques jours; ils sont autant de degrés qui nous élèvent aux biens éternels et impérissables. Il faut donc nous demander avant tout, quelle est cette nature qui nous donne la vie, et qui ressent ainsi la présence de tous ces êtres. Or puisqu'elle anime le corps, elle lui est nécessairement supérieure; car quelle que soit la matière, et dût-elle briller à nos yeux du plus vif éclat, si la vie n'est point en elle, n'y attachons pas grand prix. La nature elle-même nous apprend à préférer toute substance vivante aux êtres privés de vie1.
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Liv. II du Libre Arbitre, c. 3 et suiv. ↩