1.
Après l'exposition en détail de l'oeuvre des sept jours, il y a une sorte de conclusion où tout ce qui précède est appelé le livre de la création du ciel et de la terre, bien que ce soit une faible partie du livre; mais il a mérité ce titre parce que les sept jours nous présentent la figure et comme une image raccourcie de toute la suite des siècles depuis le commencement jusqu'à la fin. A partir de là, l'écrivain sacré s'occupe de l'homme d'une manière spéciale et tout le récit qu'il nous offre d'abord veut selon nous être entendu, non dans le sens propre, mais dans le sens figuré, pour exercer les esprits qui cherchent la vérité et les retirer par une application spirituelle du soin superflu des choses matérielles. Voici en effet la teneur de ce récit :
« Tel est le livre de la création du ciel et de la terre, quand fut arrivé le jour où Dieu fit l'un et l'autre et toutes les plantes verdoyantes des champs qui n'étaient pas auparavant sur la terre, et toutes les herbes de la campagne, qui n'y avaient pas encore poussé. Car Dieu n'avait pas encore fait pleuvoir sur la terre, et il n'y avait point d'homme pour y travailler. Mais il s'élevait de la terre comme une source qui en arrosait toute la surface. Et alors Dieu forma l'homme du limon de la terre et répandit sur son visage un souffle de vie et l'homme devint âme vivante. Et alors Dieu planta un jardin de délices à l'Orient et il y mit l'homme qu'il avait formé. Et Dieu produisit aussi de la terre toute sorte d'arbres beaux à la vue, et dont le fruit était bon à manger, et au milieu du paradis l'arbre de vie et l'arbre de la science du bien et du mal. Or un fleuve sortait du jardin de délices, et l'arrosait. De là il se divise en quatre autre fleuves. L'un s'appelle Phison ; c'est celui qui coule autour de la terre d'Evilath, pays qui produit de l'or et le meilleur du monde, de même que le rubis et la pierre d'onyx. Le second fleuve s'appelle Géon ; c'est celui qui coule autour de toute la terre d'Éthiopie. Pour le troisième fleuve, c'est le Tigre qui se répand vers les Assyriens. Et le quatrième est l'Euphrate. Or le Seigneur Dieu prit l'homme et le plaça dans le paradis terrestre pour qu'il le cultivât et le gardât. Et le Seigneur Dieu donna cet ordre à Adam: Use pour ta nourriture de tout arbre qui est dans le paradis ; mais ne mange pas du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal. Carle jour où tu en auras mangé, tu mourras de mort. Le Seigneur Dieu dit ensuite: Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; faisons-lui une aide semblable à lui. Et Dieu amena devant Adam toutes les espèces d'animaux domestiques qu'il avait créés, comme aussi toutes les espèces de bêtes sauvages et toutes les espèces d'oiseaux qui volent sous le ciel, afin qu'il vit comment il les appellerait ; et les noms qu'il donna à tous ces êtres vivants sont leurs noms véritables. Adam imposa donc des noms à tous les animaux domestiques, à tous les oiseaux du ciel et à toutes les bêtes sauvages, et comme il les nomma ils sont encore nommés aujourd'hui. Mais il n'y eut point jusque-là pour Adam d'aide semblable à lui. Or Dieu lui envoya un sommeil profond et Adam s'endormit ; et Dieu prit une de ces côtes et en remplit la place de chair, et de cette côte que Dieu prit à Adam, il forma la femme. Et il l'amena devant Adam, afin que celui-ci vit comment il l'appellerait. Or Adam dit: Voici maintenant l'os de mes os et la chair de ma chair. Celle-ci s'appellera femme, c'est-à-dire faite de l'homme et c'est celle qui sera mon aide. Pour cela l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à son épouse, et ils seront deux dans une même chair. Or tous deux étaient nus, savoir Adam et son épouse, et ils n'en rougissaient pas.