31.
En lisant ce passage, gardons-nous de faire entrer . dans le premier membre de phrase les mots: « in illo, » et de réduire la proposition principale aux mots: « vita est », en d'autres termes, de ponctuer ainsi; quod factum est in illo, erat vita: ce qui a été fait en lui, était vie. Qu'y a-t-il donc qui n'ait été fait en lui quand le Psalmiste, après avoir cité plusieurs créatures même terrestres, s'écrie: « Vous avez tout fait dans votre Sagesse 1;» quand l'Apôtre nous apprend. « que toutes choses ont été crées en lui, celles qui sont au ciel comme celles qui sont, sur la terre, les choses visibles et les choses invisibles 2 ? » En ponctuant ainsi, il faudrait admettre que la terre elle-même avec tout ce qu'elle contient est la vie. Or, s'il est absurde de prétendre que tout est vivant, combien l'est-il davantage de dire que tout est la vie, surtout au sens que l'Evangéliste précisé avec tant de rigueur, quand il ajoute: « Et la vie était la lumière des hommes ? » Coupons donc ce passage de façon à lire: « Ce qui a été fait, est la vie en lui; » c'est-à-dire, n'existe pas nécessairement et en soi, puisque l'être ne lui a été donné que par la création, mais possède la vie par celui qui a connu tous les êtres, dont il est l'auteur, avant qu'il fussent formés, Dès lors cette vie n'est plus ici une existence contingente ; c'est la vie et la lumière des hommes, la Sagesse elle-même, le Verbe, Fils unique de Dieu. Le sens est le même que dans ce passage : « Comme le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils d'avoir en lui-même la vie 3.»