16.
Toutefois il est plus sûr et tout ensemble plus noble de croire que le premier couple humain, tel qu'il était dans le Paradis avant d'être condamné à la mort, ne connaissait pas les voluptés sensuelles qu'éprouvent aujourd'hui tous ceux qui sont sortis de cette tige de mort. Il est impossible en effet qu'il ne se soit pas produit de changements en eux lorsqu'ils eurent touché à l'arbre défendu; car le Seigneur ne leur avait pas dit qu'ils mourraient de mort, quand ils auraient mangé du fruit défendu, mais bien le jour même qu'ils en mangeraient 1. Par conséquent ils ont dû voir se révéler en eux ce jour-là même la lutte qui faisait gémir l'Apôtre en ces termes « Je me complais dans la loi de Dieu, d'après les sentiments de l'homme intérieur : mais j'éprouve dans mes membres une autre loi qui combat la loi de mon esprit et qui m'asservit à la loi du péché qui est dans ma chair. Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ? Ce sera la grâce de Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur 2. » Il ne lui suffit pas d'appeler le corps mortel; il dit : « Qui me délivrera du corps de cette mort ? » C'est ainsi qu'il ajoute plus loin : « Le corps est mort à cause du péché 3. »
Mort, remarquez l'expression, et non mortel, quoiqu'il le soit réellement, puisqu'il doit mourir. Tel n'était pas l'état primitif du corps : animal sans être encore spirituel, il n'était pas mort; je veux dire, condamné irrévocablement à la mort il ne fut soumis à cette loi qu'au moment où l'arbre défendu eut été touché.