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Works Augustine of Hippo (354-430) Quaestionum in Heptateuchum l. VII Questions sur l'Heptateuque
LIVRE DEUXIÈME. QUESTIONS SUR L'EXODE

XLVII. (Ib. XII, 37-40.)

Nombre des Israëlites à la sortie de l'Égypte, et durée de leur servitude. — « Or, les enfants d'Israël partirent de Ramessès pour venir à Socoth, au nombre de six-cent mille hommes de pied, sans compter les bagages, instructum, » ou «les biens, » s'il est permis de traduire ainsi l'expression grecque aposkune. Cette expression signifie, d'après l'Écriture, non-seulement ce qui peut être transporté, mais encore ce qui peut se mouvoir : car Juda, s'adressant à son père, lui dit : « Envoie l'enfant avec moi, et nous nous lèverons, pour aller chercher de quoi vivre et ne pas mourir, toi et nous, et ce que nous possédons 1. » Or, le grec porte en ce passage le mot aposkune, que le latin rend par substantiam; nos interprètes le traduisent aussi quelquefois par censum, dans le sens que nous donnons ici à instructum, voulant qu'on entende par ce mot les hommes et les bêtes. de somme, ou tous les animaux. Peut-on aussi entendre par là les épouses, je l'ignore, Cependant lorsque l'Écriture parle des six-cent mille hommes de pied et qu'elle ajoute : « à l'exception des bagages, ou du bien, ou de ce qu'ils possédaient, » ou tout autre terme qui traduirait mieux aposkune, il est évident qu'elle marque par là les hommes, serviteurs, femmes ou jeunes gens encore incapables de servir, et que les six-cent mille hommes doivent s'entendre exclusivement de ceux qui étaient en état de porter tes armes.

Mais on demande ordinairement si les Hébreux ont pu former un si grand peuple, pendant les années que l'Écriture, attentivement examinée, montre qu'ils ont passées en Egypte. Et d'abord combien d'années y demeurèrent-ils ? Ce n'est pas une petite question. Car, à l'époque où Abraham offrit en sacrifice une vache de trois ans, une chèvre, un bélier, une tourterelle et une colombe; avant même la naissance d'Isaac et d'Ismaël, Dieu dit à ce patriarche : « Sache bien que ta race demeurera dans une terre étrangère, et quelle y sera réduite en servitude et persécutée pendant quatre cents ans 2. » Si donc on admet que ces quatre cents ans se rapportent à la servitude d'Égypte, on ne trouvera pas trop court le temps qui fut donné à l'accroissement de ce peuple. Mais l'Écriture atteste de la manière la plus évidente que la servitude des Hébreux ne dura pas un temps si considérable.

Quelques-uns pensent qu'il faut compter quatre cent-trente ans; à partir de l'entrée de Jacob en Égypte jusqu'à la délivrance du peuple par le ministère de Moïse, attendu qu'il est écrit dans l'Exode : « Le temps d'exil que les enfants d'Israël passèrent dans la terre d'Égypte et dans la terre de Chanaan, eux et leurs pères, fut de quatre cent-trente ans. » Et ils veulent que la servitude ait duré quatre cents ans, parce qu'il est écrit dans la Genèse: « Sache bien que ta race demeurera dans une terre étrangère et qu'elle sera réduite en servitude et persécutée pendant quatre cents ans. » Mais comme les années de la servitude se comptent à partir de la mort de Joseph, car, de son vivant, les Hébreux régnèrent plutôt qu'il ne furent esclaves, on ne voit pas comment il est possible de trouver quatre cent trente ans pour leur séjour en Egypte. En effet, quand Jacob entra dans cette contrée, son fils Joseph avait trente-neuf ans; car il en avait trente lorsqu'il parut en présence de Pharaon 3, et commença d'administrer sous son, règne; vinrent en suite les sept années d'abondance, et Jacob entra en Egypte avec ses autres enfants dans la seconde année qui les suivit 4. Par conséquent Joseph était alors dans sa trente-neuvième année, et il mourut à l'âge de cent-dix ans 5 : il vécut donc en Egypte, depuis l'arrivé deson père, soixante-et-onze ans : défalquons ce chiffre de quatre cent-trente, il restera, en prenant pour point de départ la mort de Joseph, non plus quatre cent, mais trois cent cinquante-neuf ans de servitude. Et si nous croyons devoir compter depuis l'époque où Joseph commença de régner sous Pharaon, en sorte qu'Israël serait censé être entré en Égypte au temps où son fils fut élevé au faite du pouvoir, dans cette hypothèse ou ne trouverait même que trois cent-cinquante ans. Tychonius veut que ce chiffre soit mis pour quatre cents, en prenant la partie pour le tout, c'est-à-dire cinquante pour le chiffre rond cent, et il fait voir, par des exemples, que l'Écriture emploie communément cette manière de parler 6. Dans l'hypothèse un peu plus probable, que Jacob serait censé descendu en Egypte quand Joseph y fut vendu, il faudrait encore soustraire treize années, et alors on aurait trois cent trente-sept, au lieu de quatre cent. L'Écriture rapporte encore que Caath, fils de Lévi, aïeul de Moïse, entra en Egypte avec Jacob, son grand-père 7; et elle dit qu'il y vécut cent trente ans 8, et son fils Ambram, père de Moïse, cent trente-sept; enfin que Moïse avait quatre-vingts ans, lorsqu'il délivra son peuple de l'Egypte 9 : or, quand même Caath eût engendré le père de Moïse dans l'année de sa mort, et qu'Ambram à son tour eût engendré Moïse dans la dernière année de sa vie ; cent-trente, cent trente-sept.et quatre-vingt font trois cents quarante-sept, et non pas quatre cent-trente. Si l'on veut que Caath, fils de Lévi, soit né la dernière année de la vie de Joseph, c'est environ soixante-et-dix années qu'on peut joindre à ce total, car Joseph vécut soixante-et-onze ans en Egypte après l'arrivée de son père. Par conséquent, même en additionnant ces soixante-dix années de la vie de Joseph, depuis l'entrée de Jacob en Egypte jusqu'à la naissance de Caath, si tant est qu'il soit né à cette époque, - avec les cent-trente années que vécut Caath, les cent trente-sept de son fils Ambram, père de Moïse, et les quatre-vingt de Moïse lui-même, on n'aura encore que quatre cent dix-sept années, au lieu de quatre cent-trente.

Il suit de là que la supputation, suivie par Eusèbe dans sa Chronique, a pour elle évidemment la vérité. Cet historien compte en effet les quatre cent-trente ans à partir de la promesse que Dieu fit à Abraham quand il l'appela de son pays dans la terre de Chanaan 10, et il s'appuie sur l'exemple de l'Apôtre, qui, après avoir loué et recommandé la foi d'Abraham dans la promesse que toutes les tribus de la terre seraient bénies en lui promesse où il voit une prophétie relative au Christ, — ajoute : « Ce que je veux dire, c'est que Dieu, ayant fait un testament en bonne forme, la Loi, qui a été donnée quatre cent-trente ans après, ne l'a pas annulé, ni anéanti les promesses 11. » D'après l'Apôtre, c'est donc quatre cent-trente ans après la vocation d'Abra ham et la promesse divine à laquelle crut ce patriarche, et non quatre cent-trente ans après l'entrée de Jacob en Egypte, que la Loi fut publiée. Au reste, le texte sacré le fait assez entendre; car nous lisons dans l'Exode, non pas : « L'exil des enfants d'Israël » dans le pays d'Egypte fut de quatre cent-trente ans; mais bien : « L'exil qu'ils passèrent dans le pays d'Egypte et dans le pays de Chanaan, eux et leurs pères. » Il est clair, par conséquent, qu'il faut faire entrer dans la supputation le temps que vécurent les Patriarches Abraham, Isaac et Jacob, depuis l'époque où Abraham mit le pied dans la terre de Chanaan, c'est-à-dire, depuis la promesse à laquelle il eut foi, ce dont l'Apôtre fait l'éloge, jusqu'à l'époque que où Israël descendit en Egypte. Durant ces longues années, en effet, les Patriarches, comme des voyageurs, vécurent en étrangers dans le pays de Chanaan, comme dans la suite les enfants d'Israël, en Egypte: c'est ainsi que le calcul exact de quatre cent-trente années se retrouve, en prenant pour point de départ la promesse, pour aboutir à la sortie d'Egypte, quand fut donnée sur le mont Sinaï la loi qui n'annulait point le testament et laissait intactes les promesses.

En effet, au témoignage de l'Ecriture, Abraham était dans sa soixante-quinzième année, quand il vint dans le pays de Chanaan 12, et il engendra Isaac à l'âge de cent ans 13. Il s'écoula par conséquent vingt-cinq années entre la promesse et la naissance d'Isaac. En y ajoutant toutes les années de la vie d'Isaac , c'est-à-dire cent quatre-vingt, on a le chiffre de deux cent-cinq 14: Jacob avait alors cent-vingt ans, car Isaac en avait soixante, quand il eut ses deux enfants jumeaux, Jacob et Esaü 15; dix ans après, Jacob entra en Egypte, âgé de cent-trente ans 16. Joseph était dans sa trente-neuvième année. Depuis la promesse jusqu'à l'entrée de Jacob en Egypte, on compte donc deux cent-quinze ans. Joseph, âgé de trente-neuf ans, quand son père vint le trouver en Egypte, vécut encore soixante-et-onze ans car il vécut jusqu'à l'âge de cent-dix ans 17. Deux cent-quinze et soixante-et-onze font deux cent quatre-vingt-six. Restent deux cent quarante-quatre ou cinq années, qu'on admet pour la durée de la servitude des Israélites en Egypte après la mort de Joseph. En ce qui concerne leur multiplication prodigieuse pendant ce laps de temps, si l'on tient compte de la puissance d'engendrer dans l'homme et de la bénédiction de Celui qui voulut opérer cette merveille, on n'aura plus lieu de s'étonner que le peuple d'Israël sortit d'Egypte au nombre de six cent-mille hommes de pied, sans parler de la suite où se trouvaient les serviteurs, les femmes et tous ceux qui étaient incapables de porter les armes.

Lorsque Dieu dit à Abraham : « Sache bien que ta race sera voyageuse dans une terre étrangère, et quelle y sera réduite en servitude, et persécutée pendant quatre cents ans, » il ne faut donc pas entendre ces paroles, en ce sens que le peuple de Dieu fut aussi longtemps réduit à la plus dure servitude; mais il est écrit. « D'Isaac sortira la race qui portera ton nom 18, » depuis l'année de la naissance d'Isaac jusqu'à l'année de la sortie d'Égypte, on compte quatre cent-cinq ans. Si des quatre cent-trente années on, soustrait les vingt-cinq qui se trouvent entre la promesse et la naissance d'Isaac, il n'est pas étonnant que l'Écriture donne pour résultat le chiffre rond quatre-cent, au lieu de quatre-cent cinq : quand elle suppute les temps, elle ne tient pas compte en effet de quelques années en plus ou en moins et préfère employer un nombre rond. Ces mots du texte: « Elle sera réduite en servitude et persécutée, » n'ont donc pas rapport aux quatre cents ans; la servitude n'a pas eu la durée de cette longue période; mais les quatre cents ans se rapportent à ces mots : « Ta race sera voyageuse dans une terre étrangère; » car cette race fut voyageuse dans le pays de Chaman aussi bien qu'en Egypte, jusqu'au jour où elle reçut en héritage la terre que Dieu lui avait promise : ce qui s'accomplit quand eut lieu la délivrance de la servitude d'Égypte. Il y a donc transposition dans le texte, et les mots doivent se rétablir dans l'ordre suivant: « Sache bien que ta race sera voyageuse dans une terre étrangère pendant quatre cents ans, » le reste : « elle sera. réduite en servitude et persécutée, » ne doit venir qu'après, et les quatre cents ans ne s'y rapportent point. Car c'est dans la dernière partie des années qui appartiennent à ce chiffre total, c'est-à-dire après la mort de Joseph, que le peuple de Dieu fut soumis en Egypte à une dure servitude.


  1. Gen, XLIII, 8.  ↩

  2. Ib. XV, 13. ↩

  3. Gen. XLI, 46.  ↩

  4. Ib. XLV, 6.  ↩

  5. Ib. L, 22-25. ↩

  6. Tychonius, in Regular. lib-5.  ↩

  7. Gen. XLVI, 11.  ↩

  8. Ex. VI,18, 20.  ↩

  9. Ib. VII, 7. ↩

  10. Eusèb. Chroniq an du monde 3260.  ↩

  11. Gal. III, 17. ↩

  12. Gen. XII, 4.  ↩

  13. Ib. XXI, 5.  ↩

  14. Ib. XXXV, 28.  ↩

  15. Ib. XXV, 26.  ↩

  16. Ib. XLVIII, 9.  ↩

  17. Ib. L, 22.  ↩

  18. Ib. XXI,12. ↩

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