XVIII. (Ib. XI, 20.)
Dieu voulut que son peuple ne fit grâce à aucune des nations révoltées. — « Car (558) ce fut la volonté du Seigneur que leurs coeurs s'affermissent, qu'ils combattissent contre Israël, qu'ils fussent défaits, et ne méritassent aucune clémence ; mais qu'ils fussent exterminés, suivant la parole du Seigneur à Moïse. » Il est dit de ces peuples, comme de Pharaon, que Dieu affermit leurs coeurs, en d'autres termes, qu'il les endurcit 1 : or quand Dieu abandonne et traite en ennemi, il est absolument hors de doute que sa conduite est juste et inspirée par un dessein profond de sa sagesse: c'est l'interprétation qu'il faut admettre ici comme dans le cas précité. Mais il se présente maintenant une autre question : comment l'Ecriture dit-elle que le coeur des Chananéens fut affermi, afin qu'ils combattissent contre Israël, et qu'ils ne méritassent, pour cette raison, aucune clémence ? Ne semblerait-il pas qu'ils auraient eu droit à cette clémence, s'ils n'avaient pas pris les armes ? Cependant Dieu avait défendu d'en épargner un seul, et si les Gabaonites trouvèrent grâce, ce fut parce que les Israëlites voulurent mettre à exécution le serment obtenu par un subterfuge. Comme les Israëlites se permirent de montrer de l'indulgence envers quelques uns, malgré la défense divine, il faut interpréter ce passage en ce sens que le Chananéens se battirent, de manière à se rendre indignes du pardon, et n'inclinèrent pas leurs vainqueurs à enfreindre le commandement de Dieu par un acte de clémence. Jamais, on doit le croire, une telle transgression n'aurait été commise sous la conduite de Josué, le fidèle observateur de tous les ordres divins. Lui-même, cependant, n'eût pas exterminé si rapidement les ennemis, s'ils ne s'étaient élevés contre lui dans une ligue aussi compacte; n'ayant pas été vaincus par cet homme, fidèle à accomplir les volontés de Dieu, ils auraient pu se maintenir dans leur pays, jusqu'au temps qui suivit la mort de Josué, où des hommes moins zélés que lui auraient pu leur faire grâce. En effet, du vivant même de Josué, ces hourdes épargnèrent quelques peuples, se contentant de les réduire en esclavage; il y en eut d'autres dont ils ne purent triompher. Mais cela n'eut pas lieu sous sa conduite; la vieillesse l'éloignait alors de la guerre, et il ne s'occupait plus que de faire le partage du pays : pendant ce temps-là, Israël prenait possession des territoires divisés et laissés libres par l'ennemi, ou bien s'emparait des autres positions, les armes à là main. Quant à l'impossibilité où ils furent réduits de vaincre quelques peuples, on verra, en son temps, par certains endroits de l'Ecriture, que ce fut par une disposition spéciale de la divine Providence.
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Ex. VII, 3, 22; VIII, 19. ↩