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Works Augustine of Hippo (354-430) Quaestionum in Heptateuchum l. VII Questions sur l'Heptateuque
LIVRE SEPTIÈME. QUESTIONS SUR LES JUGES.

XVII. (Ib. II,10, 23; III, 1, 4.)

1. Les Israëlites vendus à leurs ennemis et rachetés par le sang de Jésus-Christ. — « Et il les vendit dans la main de leurs ennemis, qui les entouraient. » On demande pourquoi cette expression: « il les vendit, » comme s'il fallait entendre qu'il y eut un prix soldé. Mais on lit dans un Psaume : « Vous avez vendu votre peuple, sans prix 1; » et dans un Prophète : « Vous avez été vendus gratuitement et vous ne serez point rachetés avec l'argent 2. » Pourquoi donc sont-ils vendus, si c'est gratuitement, sans prix? et pourquoi ne sont-ils pas plutôt donnés? Peut-être est-ce là une manière de parler employée par l'Ecriture, qui appliquerait ainsi l'expression de vendu à ce qui est donné. Voici le sens le meilleur de ces paroles : « Vous avez été vendus gratuitement, » et: «Vous avez vendu votre peuple sans prix. » Comme ceux à qui vous avez livré votre peuple étaient des impies, en n'adorant pas Dieu ils ont mérité que ce peuple leur fût abandonné,de manière que leur culte idolâtrique fût en quelque sorte le prix du peuple. Quant à cette parole: « Vous ne serez pas rachetés avec l'argent, » on ne dit pas : sans prix, en échange, mais non pas avec l'argent, afin que nous entendions qu'il y a un prix de rédemption, celui dont parle l'apôtre saint Pierre 3 : « Vous avez été rachetés non avec l'argent et l'or, mais avec le précieux sang de l'Agneau sans tache. » Par l'argent le prophète a entendu toute espèce de monnaie, quand il a dit: « Vous ne serez pas rachetés avec l'argent, » car c'est par le prix du sang de Jésus-Christ et non par une compensation pécuniaire, qu'ils devaient être rachetés.

2. Dieu se sert des nations épargnées, pour éprouver son peuple. — Le Seigneur dit : « Et moi je me garderai d'ôter de leur présence un seul homme des nations que Jésus fils de Navé a laissées, qu'il a laissées pour éprouver Israël, et montrer s'ils observent, ou non, la voie du Seigneur comme leurs pères l'ont suivie : et le Seigneur a laissé ces nations, afin de ne pas les détruire alors, et il ne les a pas livrées dans la main de Josué. » Ici on découvre la raison pour laquelle ces nations n'ont pas été détruites dans les guerres de Josué : si elles l'eussent été, elles n'auraient point servi a éprouver les enfants d'Israël. Or, elles pouvaient leur être utiles, à la condition que cette épreuve n'aboutit pas à leur réprobation, et elles auraient disparu devant eux, si eux-mêmes se fussent conduits comme Dieu l'avait prescrit, s'il eussent vécu de manière à n'avoir pas besoin d'être éprouvés par la guerre; car voici encore les paroles du Seigneur qu'il faut lire : « Parce que cette nombreuse nation a délaissé mon testament, que j'avais confié à leurs pères, et parce qu'ils n'ont pas obéi à ma voix, moi, à mon tour, je me garderai de faire disparaître de devant eux un seul homme; » c'est-à-dire un seul de leurs ennemis. L'écrivain sacré prend ensuite la parole lui-même, afin d'expliquer pourquoi le Seigneur a dit qu'il ne ferait pas disparaître un seul homme du milieu des nations que Jésus fils de Navé a laissées vivre. Puis il ajoute la raison pour laquelle Josué ne les a point détruites : « Il les a laissées, dit-il, pour tenter Israël, et montrer s'ils observent ou non la voie du Seigneur, comme leur pères l'ont suivie. » Ces dernières paroles font voir que pendant la vie de Josué, leurs frères qui furent sous sa conduite suivirent la voie du Seigneur. L'Ecriture a rapporté plus haut, en effet, qu'une nouvelle génération surgit après ceux qui vécurent avec Josué, qu'elle commença ces transgressions dont le Seigneur fut offensé, et que ce fut pour la tenter, c'est-à-dire pour la mettre à l'épreuve, que les nations ennemies restèrent et ne furent pas détruites par Josué.

3. Ce n'est pas Josué mais Dieu lui-même qui a éprouvé les Israëlites par la guerre. — L'Ecriture veut écarter la supposition que Josué aurait agi de lui-même et par un conseil tout humain, en laissant subsister ces peuples; c'est pourquoi elle ajoute : « Et le Seigneur laissa ces peuples, et ne les détruisit pas immédiatement, et il ne tes livra pas dans la main de Josué. » Viennent ensuite ces paroles: « Telles sont les races que laissa Josué pour qu'elles servissent à tenter Israël, et tous ceux qui ne connurent point toutes les guerres de Chanaan : » elles furent laissées « pour enseigner la guerre aux générations d'Israël. » Le but de l'épreuve des enfants d'Israël fut donc de leur apprendre à faire la guerre, c'est-à-dire, à la faire avec toute la piété et l'obéissance à la loi de Dieu, montrées par leurs prières, qui plurent au Seigneur, même au milieu des combats. Ce n'est pas que la guerre soit quelque chose de désirable : mais la piété dans le guerre mérite des éloges. Ce qui suit : « Mais ceux qui avant eux ne les ont point connues, » (570) peut-il signifier autre chose, sinon que ces races infidèles, réservées pour la tentation, c'est-à-dire, pour l'épreuve des Israëlites, n'avaient point été connues dans les combats par leurs ancêtres? L’Ecriture les énumérant ensuite : « Ce sont, dit-elle, les cinq satrapies des nations étrangères : » au livre des Rois elle les fait connaître plus explicitement 4. On appelle satrapies des espèces de petits royaumes à la tête desquels étaient des satrapes : ce nom est ou a été en honneur dans ces contrées : « Ce sont tous les Chananéens, les Sidoniens, les Hévéens qui habitent le Liban devant le mont Hermon jusque Caboëmath ; et il arriva que par eux Israël fut tenté. » C'est comme si l'Écriture disait: Ceci arriva, afin que par eux Israël fût mis à l'épreuve pour « savoir s'ils écouteront les commandements du Seigneur, » non pour que le Seigneur l'apprît, lui qui connaît tout, même les choses futures, mais pour qu'ils l'apprissent eux-mêmes, et que leur conscience leur rendit un bon ou mauvais témoignage touchant l'observation des commandements que le Seigneur « imposa à leurs pères dans les mains de Moïse. » Or, comme ils virent à n'en pas douter qu'ils n'avaient point obéi à Dieu au milieu des nations laissées pour les tenter, c'est-à-dire, pour les exercer et les éprouver, le Seigneur leur adressa en conséquence et ce reproche que l'ange, son messager, leur fit hautement et expressément, et ces autres paroles rapportées un peu auparavant : « Parce que cette nombreuse nation a délaissé mon testament que j'avais confié à leurs pères, et parce qu'ils n'ont pas obéi à ma voix; moi, à mon tour, je me garderai de faire disparaître de devant eux un seul homme. »

4. Dieu ne veut détruire que peu à peu les ennemis de son peuple. Les bêtes sauvages, symbole des passions. — Au Deutéronome, Dieu, parlant de ces nations ennemies, dit : « Je ne les chasserai pas dans une seule. année, de peur que la terre ne devienne déserte, et que les bêtes sauvages ne se multiplient chez toi . Je les chasserai peu à peu, jusqu'à ce que vous soyez multipliés, que vous ayez pris de l'accroissement, et que vous occupiez le pays 5. Dieu pouvait exécuter cette promesse en faveur d'un peuple obéissant; la destruction des races ennemies se fût accomplie progressivement à mesure que les enfants d'Israël se seraient multipliés, et quand leur accroissement aurait permis de ne pas laisser désertes les terres dont les habitants, leurs ennemis, auraient été anéantis. Quant à cette parole : « De peur que les bêtes sauvages ne se multiplient chez toi, » je serais étonné si par ces bêtes sauvages l'Écriture n'avait pas voulu désigner les convoitises et les passions de la bête, qui naissent ordinairement au sein d'une prospérité terrestre rapidement .obtenue. Dieu pouvait-il en effet exterminer les hommes, et se trouver impuissant pour détruire les bêtes sauvages, ou les nourrir?


  1. Ps. XLIII, 13.  ↩

  2. Is. LII, 3.  ↩

  3. I Pierre I, 18, 19. ↩

  4. I Rois VI, 5, 16.  ↩

  5. Ex. XXIII, 29, 30. ↩

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