5.
Mais, puisque de telles offrandes ne peuvent être légitimement présentées au Seigneur, comment, dira-t-on; Abraham a-t-il pu croire religieusement se rendre, par là, agréable à Dieu? Jephté pour la même raison, n'a-t-il pas pu très-légitimement penser qu'un pareil sacrifice lui serait agréable ? Il faut considérer qu'autre chose est d'obéir à un commandement que l'on reçoit, autre chose, de s'engager spontanément par un voeu. Si le serviteur, à qui son maître à prescrit quelque chose qui s'écarte de l'ordre habituel de la maison, mérite des éloges par son obéissance, cela ne veut pas dire qu'en faisant les mêmes choses de son propre mouvement et sur une téméraire présomption, il ne serait pas digne de châtiment. Abraham du reste se croyant obligé d'immoler son fils pour obéir à l'ordre de Dieu, pouvait en même temps penser que de semblables victimes ne lui étaient pas agréables et qu'il avait commandé ce sacrifice pour ressusciter la victime, et faire éclater ainsi sa sagesse. C'est en effet ce qui est dit d'Abraham dans l'Épître aux Hébreux : sa foi est louée, parce qu'il a cru que Dieu pouvait ressusciter son fils 1. Quant à Jéphté il a de lui-même voué un sacrifice humain, sans que Dieu l'ait commandé, ni demandé, et contrairement à son légitime précepte. Il est écrit en effet : « Jephté fit un voeu au Seigneur, et dit : «Si vous livrez en mes mains les enfants d'Ammon, quiconque sortira des portes de ma maison à ma rencontre, au retour du triomphe sur les enfants d'Ammon, celui-là je l'offrirai au Seigneur en holocauste. »
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Hébr. IX, 17-19. ↩