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Works Augustine of Hippo (354-430) Epistulae ad Galatas expositio Commentaire de l'Épître aux Galates

15. Réprimande de saint Paul à saint Pierre. Saint Pierre plus admirable ici que saint Paul.

Saint Paul n'était donc tombé dans aucune dissimulation, car il observait partout ce qu'il croyait convenable soit aux Eglises des Gentils soit aux Eglises des Juifs ; ne détruisant point une coutume, quand elle n'était pas un obstacle au royaume de Dieu, et recommandant seulement, dans le cas même où pour ménager les faibles il voulait qu'on gardât un usage, de ne pas mettre l'espoir du salut dans ce qui n'y contribuait pas. C'est ainsi qu'il écrit aux Corinthiens : « Un circoncis a-t-il été appelé ? Qu'il ne se donne point pour incirconcis. Est-ce un incirconcis qui a été appelé ? Qu'il ne se fasse point circoncire. La circoncision n'est rien, l'incirconcision n'est rien ; mais l'essentiel est d'observer les commandements de Dieu. Que chacun persévère dans la vocation où il était quand il a été appelé 1. » Saint Paul ne voyait ici que des usages ou des états de vie qui ne font obstacle ni à la foi ni aux bonnes moeurs ; car si un brigand avait été appelé au Christianisme, il ne s'ensuivrait pas qu'il dût rester brigand.

Mais saint Pierre étant venu à Antioche, saint Paul lui reprocha, non pas de se conformer aux usages des Juifs, puisqu'il était né et avait été élevé parmi eux, et pourtant il ne les observait point parmi les Gentils; mais de vouloir les imposer à ces derniers lorsqu'il vit arriver quelques frères envoyés par Jacques, c'est-à-dire venus de la Judée , puisque Jacques, était le chef de l'Eglise de Jérusalem. Redoutant en effet ceux qui plaçaient encore le salut dans ces observances, Pierre se séparait des Gentils et feignait de se conformer aux Juifs pour assujettir les Gentils à ces servitudes. C'est ce que révèlent suffisamment les termes mêmes de la réprimande. Après avoir dit: « Si tout Juif que tu es, tu vis à la manière des Gentils et non en Juif, » il n'ajoute pas en effet: Comment reviens-tu encore aux usages des Juifs; mais : « Comment forces-tu les Gentils à judaïser ? » S'il lui adressa cette réprimande en public, c'est qu'il y fut contraint pour guérir ainsi tout le monde. Quel besoin de relever en secret une faute propre à nuire au grand nombre ?

Ajoutez à cette considération que le caractère ferme et la charité de Pierre, à qui le Seigneur avait dit jusqu'à trois fois: « Pierre, m'aimes-tu? Pais mes brebis 2, » recevaient très-volontiers d'un pasteur moins élevé en dignité une réprimande qui pouvait procurer le salut du troupeau. Celui des deux apôtres à qui s'adressait la correction était plus admirable et plus difficile à imiter que celui qui la faisait. Il est effectivement plus facile de remarquer ce qu'il y a à corriger dans autrui et de le censurer, soit par le blâme soit par un reproche direct, que de voir ce qu'il y a à reprendre en nous et de le reprendre soit per nous-mêmes soit par un autre, surtout quand celui-ci nous est inférieur et qu'il fait sa correction en public. Ici donc quel magnifique exemple d'humilité, une des premières règles de la vie chrétienne, puisque c'est l'humilité qui conserve la charité ! Rien en effet ne la détruit plus vite que l'orgueil. Aussi le Seigneur n'a-t-il pas dit: Prenez mon joug et apprenez de moi que je ressuscite dans leurs tombeaux des cadavres de quatre jours, que je chasse tous les démons des corps humains, que je dissipe les maladies et que je fais d'autres choses semblables ; mais r Prenez mon joug et apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur 3. » Ces miracles étaient les figures des oeuvres spirituelles: mais c'est une chose éminemment spirituelle de conserver la charité avec douceur et avec humilité ; c'est à cela que sont conduits par la vue des prodiges ceux qui trop attachés encore aux choses sensibles demandent la foi au monde invisible, non point aux choses visibles connues et ordinaires, mais aux choses visibles qui arrivent extraordinairement et qui éclatent tout à coup.

Si donc les docteurs qui contraignaient les Gentils avaient appris à être doux et humbles de coeur, comme saint Pierre l'avait appris du Seigneur ; surtout en voyant un si grand homme réformer sa conduite, ils eussent été portés à l'imiter et ils n'auraient plus considéré que si l'Evangile du Christ leur avait été prêché, c'était envers eux une dette de justice. « Sachant même que l'homme ne trouve point sa justification dans les oeuvres de la Loi, mais seulement dans la foi en Jésus-Christ, » afin de pouvoir accomplir la Loi avec l'aide, non pas de ses propres mérites mais de la grâce de Dieu ; ces docteurs n'astreindraient point les Gentils aux observances charnelles de la Loi, ils sauraient qu'avec la grâce de la foi ils peuvent accomplir ce que la Loi contient de préceptes spirituels.

Aussi bien lorsqu'on se croit capable d'observer pas ses propres forces et non par la grâce et la miséricorde de Dieu les oeuvres de la Loi; aucune chair, c'est-à-dire aucun homme, aucun de ceux qui ont ces sentiments charnels, ne peut par là être justifié 4. Voilà pourquoi ceux qui ont passé du joug de la Loi à la croyance en Jésus-Christ, ont obtenu la grâce de la foi, lion parce qu'ils étaient justes, mais pour le devenir.


  1. I Cor. VII, 18-20. ↩

  2. Jean, XXI, 15.  ↩

  3. Matt. XI, 29. ↩

  4. Gal. II, 11-15  ↩

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Commentaire de l'Épître aux Galates

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