38. Sollicitude maternelle de l'Apôtre 1.
S'il dit encore : « Mes petits enfants, » c'est également pour les engager à l'imiter comme leur père. « Pour qui je sens de nouveau les douleurs de l'enfantement. jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous. » C'est plutôt au nom de l'Eglise notre mère qu'il s'exprime ainsi, car il dit ailleurs : « Je me, suis fait petit enfant parmi vous, comme une nourrice qui soigne ses enfants 2. » Or c'est par la foi du croyant que le Christ se forme dans l'homme intérieur, dans l'homme doux et humble de coeur, dans l'homme qui ne se vante point du mérite de ses ouvres, car il n'en a pas, dans l'homme qui ne commence à acquérir quelque mérite que par la grâce et que le Christ pourra nommer un de ses plus petits, c'est-à-dire un autre lui-même, quand il dira : « Ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits d'entre les miens, vous me l'avez fait à moi-même 3. » En effet le Christ se forme dans celui qui se moule en quelque sorte sur lui ; or on se moule sur lui quand on lui est uni par un amour tout spirituel ; et en l'imitant ainsi on devient en quelque sorte ce qu'il est, mais en restant dans sa sphère. « Celui, dit saint Jean, qui prétend demeurer dans le Christ, doit se conduire comme le Christ s'est conduit 4. »
Cependant, lorsque la mère conçoit l'enfant, c'est pour le former, et quand il est formé, c'est pour le mettre au monde qu'elle ressent les douleurs de l'enfantement : comment donc l'Apôtre peut-il dire : « Vous pour qui je sens de nouveau les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous ? » Par les douleurs de l'enfantement qu'il a déjà endurées pour eux, il faut entendre sans doute les angoisses, les soucis par lesquels il a passé pour les faire naître au Christ ; s'il endure de nouveau ces douleurs, c'est à cause des dangers de séduction au sein desquels il les voit chanceler déjà. Or ces sollicitudes et ces soucis qui sont pour lui comme les douleurs de l'enfantement, pourront durer jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à la mesure de l'âge de la plénitude du Christ et qu'ils ne flottent plus à tout vent de doctrine 5. Si donc l'Apôtre a dit : « Vous pour qui je sens de nouveau les douleurs de l'enfantement, » ce n'était pas pour les faire naître à la foi qu'il parlait ainsi, puisqu'ils y étaient nés déjà, c'était pour les y affermir et les perfectionner dans la foi. Ailleurs il parle de ces mêmes douleurs en termes différents : « Ce qui m'assaillit chaque jour, dit-il, ma sollicitude pour toutes les Eglises. Qui est faible sans que j e sois faible aussi ? Qui est scandalisé sans que je brûle 6 ? »