23.
« Et mon coeur a défailli ». Faut-il s’étonner que ton coeur soit éloigné de Dieu, quand il s’abandonne lui-même? Qu’est-ce à dire : Mon coeur a défailli? C’est-à-dire, mon coeur ne peut point se connaître lui-même. Voilà ce que signifie: « Mon coeur a défailli ». C’est par le coeur que je veux voir le Seigneur, et je ne le puis, à cause du grand nombre de mes péchés. C’est peu encore : mon coeur ne peut même se comprendre. Non, mon coeur ne se comprend point, que nul ne le croie. Est-ce que Pierre se connaissait dans son propre coeur, quand il disait: « Je serai avec vous jusqu’à la mort? » Il avait dans le coeur une fausse présomption, il y cachait une véritable crainte : et son coeur ne pouvait comprendre son coeur. Son coeur ne se croyait point malade, mais le médecin le voyait. Ce qui lui fut alors prédit s’accomplit. Dieu voyait en lui ce que lui-même n’y voyait point; c’est que son coeur l’avait abandonné, c’est que son coeur était caché à son coeur même. « Et mon coeur a défailli ». Mais quoi ! quels doivent être nos cris? nos paroles? « Qu’il vous plaise, Seigneur, de me délivrer1 ». Comme s’il disait: « Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir2. Qu’il vous plaise, Seigneur, de me délivrer, soyez attentif à me secourir ». Ce langage est celui des membres pénitents, des membres qui souffrent, des membres qui crient sous le fer des médecins, mais qui espèrent. « Seigneur, soyez attentif à me secourir ».