12.
« Mais vous, Seigneur, ayez pitié de moi1 ». Il parle ici sous la forme de l’esclave, sous la forme du pauvre et de l’indigent. « Bienheureux celui qui comprend le pauvre et l’indigent2. Ayez pitié de moi, ressuscitez-moi, et je me vengerai d’eux ». Voyez quand s’est dite cette parole, maintenant accomplie. Les Juifs ont mis à mort le Christ pour ne point perdre leur patrie3 ; et, après sa mort, ils la perdirent ; arrachés de leur royaume, ils furent dispersés. Le Christ, après sa résurrection, leur rendit la souffrance, et la rendit comme un avertissement, non point comme une condamnation. Cette cité dans laquelle tout un peuple frémissait, comme le lion qui enlève et qui rugit, s’écriait: « Crucifiez-le, crucifiez-le4», renferme aujourd’hui des chrétiens, et pas un seul juif, tous les Juifs en sont expulsés. L’Eglise du Christ est plantée en ce lieu d’où l’on a extirpé les épines de la Synagogue. Leur feu s’est donc allumé comme le feu dans les épines5; mais le Seigneur était un bois vert. « C’est ce qu’il dit lui-même à quelques femmes qui le pleuraient comme un homme qui va mourir : « Ne pleurez point sur moi, mais pleurez sur vous et sur vos enfants6»; prédisant ainsi : « Ressuscitez-moi, et je me vengerai d’eux. Si l’on traite ainsi le bois vert, que fera-t-on au bois sec9 ? » Quand le bois vert pourra-t-il être consumé par le feu des épines? « Ils ont pris flamme comme le feu dans les épines 7 ». Le feu consume les épines ; et à quelque bois vert qu’on l’applique, il ne s’allume que difficilement; la sève du bois vert résiste longtemps à cette flamme lente et sans vigueur, capable néanmoins de consumer des épines. « Ressuscitez-moi, je me vengerai d’eux ». Ne croyez pas, mes frères, que le Fils ait moins de puissance que le Père, parce qu’il dit : « Ressuscitez-moi », comme s’il ne pouvait se ressusciter lui-même. Car le Père a ressuscité seulement ce qui pouvait mourir; c’est-à-dire, la chair est morte, la chair est ressuscitée. Ne croyez pas non plus que Dieu, le Père du Christ, a pu ressusciter le Christ en cette chair de son Fils, et que le Christ, Verbe de Dieu, égal à son Père, n’aurait pu ressusciter sa chair. Ecoutez dans l’Evangile: « Détruisez ce temple de Dieu et je le rebâtirai en trois jours ». Et pour dissiper tous les doutes: « Il parlait ainsi », dit l’Evangéliste, « du temple de son corps8, Ressuscitez-moi, et je me vengerai d’eux ».