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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME XLI

10.

Cependant, mes frères, tant que nous sommes en ce corps mortel, nous sommes éloignés du Seigneur1, et le corps qui se corrompt aggrave l’âme, et cette demeure terrestre abat l’esprit capable des plus hautes pensées2 et bien que sur la route nous dissipions des nuages par la vivacité de nos désirs, que nous parvenions parfois à cette harmonie et à concevoir par nos efforts quelque chose de ce qui est dans la maison de Dieu, néanmoins le poids de nos faiblesses nous fait retomber dans notre torpeur ordinaire, et nous rentrons dans nos habitudes. Et, de même que nous avions trouvé de quoi nous réjouir, nous retrouvons ici-bas de quoi gémir. Ce cerf, en effet, qui a jour et nuit ses larmes pour nourriture, poussé par son désir vers les sources d’eau vive ou vers les délices intérieures de Dieu, et qui répand son âme dans les régions supérieures, pour atteindre plus haut que son âme, qui marche dans le lieu d’un tabernacle merveilleux, et qui se laisse aller aux ravissements d’une harmonie spirituelle et intelligible qui lui fait mépriser tout ce qui est extérieur pour les charmes intérieurs, ce cerf est encore un homme, il gémit encore ici-bas, il porte encore une chair fragile, il est encore exposé aux scandales du monde. Il se regarde alors comme venant des régions supérieures, et se voyant dans ce lieu de douleur, comparant à cet état présent les choses qu’il est allé voir, qu’il a vues avant de revenir, il s’écrie: « Pourquoi tant de tristesse, ô mon âme, et d’où te vient ce trouble3? » Déjà noue avons goûté les charmes d’une joie intérieure, voilà que la perspicacité de l’esprit a pu pénétrer jusqu’à l’immuable, quoique en passant et seulement comme l’éclair; pourquoi me troubler encore, et d’où vient ta tristesse? Car ton Dieu n’est pour toi l’objet d’aucun doute. Tu ne manques pas de réponse contre ceux qui te disent : « Où est ton Dieu? » J’ai déjà pressenti l’immuable, pourquoi me troubler encore? « Espère en Dieu e. Et comme si sou âme lui répondait dans le silence : Pourquoi te troublé-je, sinon parce que je ne suis pas encore où l’on goûte la douceur ineffable, et où je n’ai fait que passer? Puis-je boire sans crainte ires fontaines? N’ai-je plus à redouter aucun scandale? Mes passions sont-elles vaincues, domptées, au point de me laisser en sûreté? le diable, mon ennemi, n’a-t-il pas toujours l’œil ouvert sur moi? Chaque jour ne tend-il pas des piéges pour me surprendre? Tu ne veux point que je te trouble, quand je suis encore en ce monde, exilée loin de la demeure de mon Dieu! Mais, « espère en Dieu », répond-il à son âme qui le trouble, et qui semble justifier ce trouble par les misères dont le monde est rempli. En attendant, habite là en espérance. « Car l’espérance qui verrait ne serait plus une espérance; et si nous espérons ce que nous ne voyons pas encore, nous l’attendons par la patience4».


  1. II Cor. V, 6.  ↩

  2. Sag IX, 15.  ↩

  3. Ps. 33.1, 6. ↩

  4. Rom. VIII, 24, 25. ↩

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