15.
« Tout le jour ma honte est présente à mes yeux, la confusion a couvert mon visage, à la voix de celui qui m’insulte et m’accable d’outrages1 »; c’est-à-dire, à la voix de ceux qui m’accablent d’outrages, me faisant un crime du culte que je vous rends, de l’honneur que je témoigne à votre nom; ils me reprochent comme un crime ce nom qui doit effacer tous mes crimes. « A la voix de celui qui insulte, et qui outrage », c’est-à-dire, qui parle contre moi. « A la face de l’ennemi, du persécuteur2 ». Que devons-nous comprendre ici? Ce qui a été dit du passé n’aura plus lieu dans nos temps; ce que nous espérons pour l’avenir, n’apparaît point encore. Dans le passé : le peuple sortit de l’Egypte avec tout l’éclat des prodiges, il fut délivré de ceux qui le poursuivaient, il fut conduit à travers les peuples que Dieu chassa, et enfin établi en royaume. Quel est l’avenir?C’est que le peuple sera tiré de l’Egypte de ce bas monde, sous la conduite du Christ et à la splendeur de sa gloire; que les saints seront placés à sa droite, et ses ennemis à sa gauches, que les méchants subiront, avec le diable, un châtiment éternel, que le Christ avec ses saints régnera éternellement. Voilà l’avenir, le reste est du passé. Qu’y a-t-il entre les deux? Les peines. Pourquoi? Pour montrer l’âme qui honore Dieu, et comment elle l’honore; si elle sert gratuitement celui qui l’a sauvée gratuitement. Que Dieu vous dise en effet: Que m’avez-vous donné pour vous créer? si vous avez pu bien mériter de moi depuis votre création, assurément vous n’aviez rien mérité avant d’être créé; que pouvons-nous répondre à celui qui tout d’abord nous a créés gratuitement, parce qu’il est bon, et non parce que nous avions des mérites? Que dirons-nous aussi de notre réparation, qui est une seconde naissance ? Que nos mérites nous ont valu de la part du Seigneur ce salut éternel qu’il nous envoie? Point du tout. Si Dieu avait pris en considération nos mérites, il nous aurait condamnés. Il n’est donc point venu pour examiner nos mérites, mais pour nous remettre nos péchés. Tu n’étais pas, et tu es aujourd’hui; qu’as-tu donné à Dieu?Tu étais dans le mal, Dieu t’en a délivré; qu’as-tu. donné à Dieu? Que n’as-tu pas reçu de lui gratuitement? C’est justement que l’on appels grâce ce qui est donné pour rien. Dieu donc te demande de le servir gratuitement, toi aussi, non parce qu’il te donne les biens temporels, mais parce qu’il t’en promet d’éternels.