20.
« Dieu ne doit-il pas rechercher ces crimes, lui qui connaît le secret des cœurs1 » Il le connaît, et pourtant il le recherche; s’il connaît le secret des coeurs, que devient cette parole: « Le Seigneur ne doit-il pas rechercher tout cela ? » Il le connaît pour lui-même, il le cherche à cause de nous. Souvent, en effet, le Seigneur dit qu’il recherche et qu’il comprend ce qu’il nous fait comprendre. Il te dit alors ce qu’il fait en toi, et non ce qu’il connaît. Nous disons en effet d’un jour qu’il est joyeux, quand il est serein; or, le jour ressent-il de la joie? Mais nous vous disons qu’il est joyeux, parce qu’il nous procure de la joie. De même nous disons : Un ciel triste, non que les nuées soient capables de sens, mais parce que les hommes à cette vue sont tristes eux-mêmes; on appelle triste ce qui peut les contrister. De même on dit que Dieu connaît, quand il nous fait connaître. Dieu dit à Abraham: « C’est maintenant que je connais la crainte pour le Seigneur2 ». Ne la connaissait-il donc pas auparavant? Mais Abraham ne se connaissait point, et ce fut à cette épreuve qu’il apprit à se connaître. Souvent, en effet, l’homme croit pouvoir ce qu’il ne peut réellement, ou il croit ne pouvoir point ce qu’il peut; il arrive alors que la divine Providence le met à l’épreuve, et qu’à cette épreuve il se connaît; or, on dit alors que Dieu connaît ce qu’il nous a fait connaître ainsi. Pierre se connaissait-il quand il dit au Médecin: « Je suis avec vous jusqu’à la mort3? ». Mais le Médecin lui avait tâté le pouls, et connaissait chez ce malade l’intérieur que le malade ne connaissait point. La tentation survint : le Médecin prouva qu’il avait bien jugé, et le malade perdit sa confiance en lui-même. C’est ainsi que Dieu connaît et qu’il recherche. Pourquoi rechercher ce qu’il connaît? C’est tour toi, afin que tu puisses te connaître toi-même et que tu en rendes grâces à ton Créateur. « Dieu ne doit-il pas rechercher tout cela? »