7.
Cette parole ainsi proférée, parole éternelle et coéternelle à celui qui est éternel, cet Époux, le voici: « Il surpasse en beauté les enfants des hommes »1. « Les enfants des hommes », est-il dit, pourquoi pas les anges? Qu’a-t-il voulu dire par « les enfants des hommes », sinon qu’il est un homme? Mais de peur qu’on ne vît dans le Christ qu’un homme ordinaire, il dit : « Vous surpassez en beauté les enfants des hommes ». Tout homme soit, il est avant les fils des hommes; qu’il soit parmi les enfants des hommes, passe les enfants des hommes; bien qu’il in nombre des enfants des hommes, il tus que les enfants des hommes. « La est répandue sur vos lèvres » . «La loi donnée par Moïse, la grâce et la vérité ment de Jésus-Christ2 ». J’avais besoin de ce secours, « Car selon l’homme intérieur je me plais dans la loi de Dieu, mais je sens dans mes membres une loi qui résiste à la loi de l’esprit, et qui me captive sous la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort? La grâce de ce Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur3. » Cette grâce est donc répandue sur vos lèvres ». Il est venu vers nous avec la parole de la grâce, avec le baiser de la grâce. Quoi de plus doux que cette grâce? Quel est son effet en nous? « Bienheureux sont ceux dont les iniquités sont remises, dont les ce péchés sont couverts4 » S’il venait comme un juge sévère, sans que la grâce fût épanouie sur ses lèvres, qui oserait espérer son salut? Mais en venant avec la grâce il n’a point exigé ce qu’on lui devait, il a même payé ce qu’il ne devait pas. N’étant point pécheur, devait-il mourir? Et à toi pécheur, que te revenait-il, sinon la mort? Il t’a déchargé de tes dettes pour payer ce qu’il ne devait point. C’est là une grâce magnifique. Pourquoi une grâce? Parce qu’elle est donnée gratuitement. Aussi peux-tu rendre grâces à Dieu, mais non grâce pour grâce; c’est là l’impossible. Aussi David se demandait ce qu’il devait rendre. « Que rendrai-je au Seigneur », disait-il, «pour tous les biens qu’il m’a rendus? » Il semble avoir trouvé quelque chose : «Je prendrai le calice du salut, et j’invoquerai le nom du Seigneur5». Mais est-ce bien rendre à Dieu grâce pour grâce, que d’invoquer le Seigneur et de prendre le calice du salut? Qui donc t’a donné ce calice du salut? Aussi David se borne-t-il à remercier, car il trouvait impossible de rendre grâce pour grâce. Trouve ce que tu peux offrir à Dieu, sans l’avoir reçu de lui, et tu lui auras rendu grâces. Prends garde néanmoins qu’en cherchant à lui rendre en échange ce que tu n’as point reçu de lui, tu ne trouves ton péché. Assurément tu ne le tiens pas de lui, mais tu ne dois pas le lui offrir non plus. Ce fut là le don des Juifs qui lui rendirent le mal pour le bien; trempés de la rosée, ils ne lui donnèrent aucun fruit, mais les épines de la douleur6. Quel que soit donc le bien que tu veuilles offrir à Dieu, sans l’avoir reçu de lui, tu ne le trouveras pas en toi. « C’est la grâce de Dieu qui est répandue sur ses lèvres ». C’est lui qui t’a fait, et fait gratuitement. Il n’aurait pu faire du bien à aucun homme sans le créer d’abord. Tu étais perdu, et il t’a recherché; et en. te retrouvant il t’a ramené dans le bon chemin. Sans te reprocher le passé, il t’a promis pour l’avenir. Il est donc vrai que ce la grâce est « répandue sur ses lèvres ».