22.
« La myrrhe, l’ambre et le sandal s’exhalent de vos vêtements1 ». C’est-à-dire, que vos vêtements répandent la bonne odeur. Or, ses vêtements sont les saints, les élus du Christ, toute son Eglise, dont il se revêt comme d’une robe sans tache et sans ride2 : il l’a lavée dans son sang pour en effacer les taches, il l’a étendue sur la croix pour en ôter les rides. De là cette bonne odeur-marquée ici par le nom de quelques parfums. Ecoutez saint Paul, cet humble apôtre, le bas de la frange qui guérit du flux de sang la femme qui le touchait3, écoutez-le nous dire : « Nous sommes la bonne odeur de Jésus-Christ en tout lieu, et pour ceux qui se sauvent, et ce pour ceux qui périssent ». Il ne dit pas: Nous sommes la bonne odeur pour ceux qui se sauvent, l’odeur pernicieuse pour ceux qui périssent; mais bien: « Pour ce qui me regarde, nous sommes la bonne odeur, et pour ceux qui se sauvent, et pour ceux qui se perdent4 ». Qu’un homme trouve son salut dans la bonne odeur, cela n’est ni improbable , ni incroyable : mais comment un homme périrait-il à l’occasion d’une bonne odeur? Il y a là un grand sens, une grande vérité; et quelle que soit la difficulté de le comprendre, il en est ainsi. Or, pour vous montrer que cela est difficile à comprendre, saint Paul ajoute: « Et qui peut comprendre cela5?» Qui peut comprendre qu’une bonne odeur fasse mourir un homme? Toutefois, mes frères, j’en dirai un mot. Voilà que Paul prêchait l’Evangile; beaucoup aimaient ce prédicateur, beaucoup lui portaient envie; ceux qui lui portaient envie périssaient à cause de la bonne odeur. Il était donc pour ceux qui périssaient une bonne odeur, et non une odeur pernicieuse; car ce qui augmentait leur envie, c’était la grâce qui éclatait si fort en lui; et l’on ne porte pas envie aux misérables. Il était donc plein de gloire en prêchant la parole de Dieu, et en vivant selon la règle du sceptre de droiture; et il était aimé tous ceux qui en lui aimaient le Christ, qui le suivaient à l’odeur de ses parfums, qui aimaient l’ami de leur Epoux, étant eux-mêmes cette Epouse qui dit dans les Cantiques: « Nous courons après l’odeur de vos parfums6 ». Mais plus ces envieux le voyaient dans l’éclat de la prédication évangélique et d’une vie sans tache, plus la jalousie les déchirait, et la bonne odeur les suffoquait.