33.
« Ils se souviendront de votre nom dans la suite des âges. C'est pour cela que les peuples vous confesseront1 ». De quoi sert-il de confesser Dieu hors de son temple? A quoi bon prier, si l'on ne prie sur la montagne? « J'ai crié vers le Seigneur » , dit le Prophète, « et il m'a exaucé du haut de sa montagne sainte2 ». De quelle montagne ? De celle dont il est dit: « La ville placée sur la montagne ne saurait être cachée3 ». De quelle montagne ? De celle que vit Daniel, comme une petite pierre qui grandissait démesurément, qui renversait les royaumes du monde et qui s'étendait sur toute la terre4. C'est là que doit adorer celui qui veut recevoir, que doit demander celui qui veut être exaucé, que doit confesser ses fautes celui qui en désiré le pardon. « C'est pour cela que les peuples vous confesseront dans le cours des siècles et à jamais ». Car dans la vie éternelle, si, comme il est vrai, il n'y a plus de gémissement à cause du péché, il y aura néanmoins confession éternelle du bonheur dont on jouira, et elle se fera par les chants de l'allégresse dans cette patrie meilleure et sans fin. C'est en effet de cette cité qu'il est écrit dans un autre psaume : « Cité de Dieu, on a dit de toi des merveilles5 » . Cette épouse du Christ, cette fille du roi, épouse du roi, dont les princes doivent bénir le nom d'âge en âge, c'est-à-dire jusqu'à ce que finisse le monde qui se perpétue par tant de générations, eux qui ont pour elle une si vive charité, afin que, délivrée de ce mode, elle règne avec Dieu, les peuples doivent la confesser éternellement. Une charité parfaite mettra dans tous les coeurs l'éclat et la splendeur de la lumière, afin qu'elle se connaisse pleinement dans son universalité, elle qui est maintenant inconnue et cachée à elle-même dans beaucoup de ses membres. De là vient que l’Apôtre nous avertit de ne rien juger avant le temps, jusqu’à ce que Dieu vienne, qu’il éclaire la profondeur des ténèbres, qu’il manifeste les pensées des coeurs, et alors chacun recevra sa gloire de Dieu même6. Cette cité sainte se rendra en quelque sorte témoignage à elle-même, quand ces peuples qui la composent la béniront éternellement; ainsi elle ne sera plus cachée à elle-même et en aucune de ses parties, puisque nul de ses membres n’aura rien de caché.