10.
« Le Seigneur dominera tous les peuples1 ». « Lui qui ne régnait que sur un seul peuple, régnera », dit le Prophète, « sur toutes les nations ». Quand le Psalmiste parlait ainsi, Dieu ne régnait que sur un seul peuple; c’était une prophétie dont l’accomplissement n’était pas encore visible. Grâce à Dieu, nous voyons s’accomplir ce qui n’était qu’un germe prophétique. Dieu nous avait fait longtemps d’avance un billet qu’il acquitte à l’échéance. « Dieu régnera sur toutes les nations », c’est là une promesse. « Dieu s’assied sur son trône auguste ». Ce qui était promis alors s’accomplit maintenant, nous sommes en possession de la promesse, « Dieu est assis sur son trône auguste ». Quel est ce trône auguste? Peut-être les cieux, et ce sens est bon. Car le Christ, comme nous le savons, s’est élevé aux cieux avec cette chair clouée à la croix, et il est assis à la droite du Père2, d’où nous attendons qu’il vienne juger les vivants et les morts3. « Il est donc assis sur son trône auguste». Les cieux, voilà son trône saint. Veux-tu être toi-même son trône? Loin de toi de croire que tu ne le puisses; prépare-lui une place dans ton coeur: il viendra s’y asseoir avec délices. C’est lui certainement qui est la force de Dieu, la sagesse de Dieu4. Et que dit l’Ecriture à propos de la sagesse? L’âme des justes est pour la sagesse un trône5. Donc si ton âme est juste, la sagesse y est assise; que ton âme soit juste, et alors elle sera pour la sagesse un trône royal. En vérité, mes frères, tout homme qui vit saintement, dont les oeuvres sont pures, dont la conduite respire la charité la plus dévouée, n’est-il pas un trône où Dieu s’assied pour commander?
L’âme reçoit les ordres de Dieu qui siége en elle, et les transmet aux membres. Car c’est ton âme qui commande à tes membres, qui imprime le mouvement à ton pied, à ta main, à ton oeil, à ton oreille, c’est elle qui commande à tes membres comme à des serviteurs; mais elle-même obéit intérieurement au Seigneur qui demeure en elle. Elle n’a point le droit de commander à ses inférieurs, elle ne se soumet elle-même volontiers à celui qui est au-dessus d’elle. « Dieu siége sur non trône auguste ».