2.
« Nations de la terre, écoutez ceci ». Ce n’est donc pas vous seuls qui êtes ici. Qu’est-ce en effet que ma voix, pour crier de manière à retentir chez toutes les nations? C’est par les Apôtres que Notre-Seigneur Jésus-Christ s’est fait entendre, il a crié par autant de langues qu’il en a envoyées; et ce psaume autrefois récité chez un seul peuple, dans la synagogue des Juifs, nous le voyons chaula dans l’univers entier, dans toutes les Eglises, et ainsi s’accomplit cette parole : « Nations de la terre, écoutez ceci ». Mon but unique est de fixer votre attention, de peur que la fatigue du corps ne vous empêche d’appliquer votre esprit effrayé de la longueur du psaume. S’il est possible, nous le verrons entièrement aujourd’hui, sinon, il nous en restera une partie pour demain; toutefois, donnez-nous une attention soutenue. Vous n’entendrez, s’il plaît à Dieu, que des choses capables de vous encourager plutôt que de vous fatiguer. « Nations de la terre, écoutez ceci »; et vous-mêmes faites partie de ces peuples. « Prêtez l’oreille, ô vous qui habitez l’univers ». Le Prophète semble se répéter, comme s’il ne lui eût pas suffi de dire « Ecoutez ». Vous dire : Ecoutez mes paroles, prêtez l’oreille, c’est vous dire de n’écouter pas à la légère. Qu’est-ce à dire : « Prêtez l’oreille? » C’est dans le même sens que Notre-Seigneur disait : « Que celui-là entende, qui a des oreilles pour entendre1 » ; et toutefois tous ceux qui étaient autour de lui avaient des oreilles. De quelles oreilles parlait-il, sinon des oreille du coeur, quand il disait : « Que celui-là entende, qui a des oreilles pour entendre? » C’est à ces mêmes oreilles que s’adresse le Psalmiste: « Prêtez l’oreille, vous tous qui habitez l’univers». On pourrait trouver encore ici une différence. Nous ne devons pas sans doute en rétrécir l’étendue, mais il n’est pas inutile d’exposer cette signification. Il y a peut-être une différence entre cette expression: « Tous les peuples », et cette autre: « Vous tous qui habitez l’univers » . Le Prophète a voulu peut-être nous montrer une signification plus accentuée dans cette expression : « Qui habitez »; en sorte que les peuples désigneraient les impies, et que les habitants de la terre seraient tous les hommes justes. Celui qui habite, en effet, n’est point assujéti; mais celui qui est assujéti, est plus habité qu’il n’habite. Un homme possède véritablement ce qu’il a, quand il en est le maître; mais celui-là est maître, qui n’est point garrotté par les convoitises : au lieu que celui qui porte ces liens, est plutôt possédé que possesseur. Nous avons un mot qui désigne l’habitation dans cette parole de l’Ecriture : « J’ai mieux aimé être petit dans la maison du Seigneur que d’habiter sous les tentes des pécheurs2». Quoi donc? Etre petit dans la maison du Seigneur, n’est-ce pas l’habiter? Il n’emploie ce mot d’habiter, que pour ceux qui règnent, qui possèdent, qui dominent, qui gouvernent; quant à ceux que l’on méprise, ils n’habitent pour ainsi dire pas, mais ils sont assujétis. L’interlocuteur aurait dit alors: J’aime mieux servir dans la maison du Seigneur, que régner sous les tentes des pécheurs. Si donc il y a une distinction entre « toutes les nations » et « tous les habitants de la terre», comme il y en a une entre « écoutez » et « prêtez l’oreille», ce qui paraît une répétition, sans en être une réellement, le Prophète a voulu nous dire que tous entendront cette parole de Dieu, non-seulement les pécheurs et les impies, mais aussi les justes. Ils sont mélangés aujourd’hui pour entendre cette parole; mais quand viendra le moment d’en rendre compte, ceux qui l’auront entendue sans profit seront séparés de ceux qui l’auront entendue des oreilles. Que les pécheurs écoutent : « Vous tous, ô peuples, écoutez ceci ». Que les justes écoutent, eux qui n’ont pas entendu en vain, et qui gouvernent la terre plus qu’ils n’en sont gouvernés « Prêtez l’oreille, vous tous qui habitez la terre ».