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Works Augustine of Hippo (354-430) Discours sur les Psaumes
DISCOURS SUR LE PSAUME LV

6.

« Parce que le grand nombre de ceux qui me font la guerre, sera dans la crainte». Quand seront-ils saisis de crainte? Lorsque aura passé le jour de leur élévation, car ils ne s’élèvent que pour un temps, et ensuite la crainte les saisira. « Pour moi, Seigneur, j’espérerai en vous». Le Prophète ne dit point : Pour moi, je ne craindrai pas; mais: « Le grand nombre de ceux qui me font la guerre, sera dans la crainte ». Lorsque sera venu le jour du jugement, alors toutes les nations de la terre se lamenteront1; et quand le signe du Fils de l’homme aura paru dans les cieux, la tranquillité des justes sera parfaite, car, en ce moment, ils verront se réaliser ce qu’ils espéraient, ce qu’ils désiraient, ce dont ils demandaient l’accomplissement; pour les autres, le temps de la pénitence sera entièrement écoulé, parce que, au moment où ils auraient pu se repentir d’une manière utile, leur coeur se sera endurci contre les avertissements de Dieu. Pourront-ils élever un mur pour se garantir contre ses jugements?

Admire la piété de celui qui parle ici, et, si tu fais partie de son corps, imite-le. Après avoir dit: « Le grand nombre de ceux qui me font la guerre sera dans la crainte », il n’ajoute pas : Pour moi, je ne craindrai point, car il redoute de laisser supposer que la cause de sa fermeté se trouve en lui-même et dans ses propres forces; il a peur de s’élever dans le temps et de voir son orgueil passager le priver de tout droit au repos éternel; il veut donc faire bien comprendre d’où lui vient sa fermeté. « Pour moi », dit-il, «j’espérerai en vous, Seigneur». Il n’exprime pas ici un sentiment de présomption, il indique le motif de son assurance. Si je n’éprouve aucune crainte, ce pourrait être un effet de l’endurcissement de mon coeur, car il en est beaucoup chez qui un orgueil démesuré étouffe toute appréhension.

Que votre charité veuille bien y réfléchir; autre chose est la santé du corps, autre chose son insensibilité, autre chose encore son immortalité. La santé parfaite est, en effet, l’immortalité. On nomme encore ainsi, dans un certain sens, l’exemption d’infirmités dont nous jouissons dans le cours de notre vie mortelle. Ne pas être malade s’appelle avoir la santé; à simple vue, le médecin déclare qu’on en jouit; aussitôt que commence la maladie, la santé est altérée; elle est rétablie, dès que la guérison se manifeste. Il est donc facile de le remarquer et de vous en convaincre; le corps humain peut passer par ces trois états différents: la santé, l’insensibilité et l’immortalité2. En santé, il est exempt de maladie; néanmoins, il souffrirait si l’on venait à le froisser ou à le tourmenter. La douleur n’existe point pour celui qui en a perdu le sentiment; plus il devient étranger à la souffrance, plus dangereux est son état. Quant à l’immortalité, elle ne connaît, non plus, aucune douleur; pour elle, la corruption est comme anéantie; le corps corruptible s’est revêtu d’incorruptibilité, le corps mortel s’est revêtu d’immortalité ‘. Nulle souffrance, ni dans un corps parvenu à l’immortalité, ni dans un corps devenu insensible. Que l’homme insensible ne se croie point pour cela immortel; celui qui souffre est plus près de l’immortalité que celui chez qui se trouve éteint le sentiment de la douleur.

Tu rencontres un homme altier, orgueilleux et insolent, qui s’est mis dans l’esprit de ne rien craindre; le crois-tu plus fort que celui qui a dit: « Nous ne trouvons que combats au dehors, et au dedans que sujets de crainte3? » Le crois-tu plus fort que notre Chef, que notre Seigneur Dieu, qui a dit « Mon âme est triste jusqu’à la mort4?» Non, un pareil homme n’est pas plus fort. Que son insensibilité aie te charme pas, car, au lieu de se revêtir d’immortalité, il s’est dépouillé de tout sentiment. Néanmoins, une affectueuse amitié ne peut Mre étrangère à ton âme, et I’Ecriture blâme ceux qui ont le coeur sec; qu’un sentiment plein de vigueur t’anime donc et te fasse dire : « Qui est-ce qui est faible, sans que je le sois moi-même? qui est-ce qui est scandalisé, sans que je brûle5 ?» Si saint Paul fût resté étranger au scandale et à la perte des faibles, sa raideur et son insensibilité te sembleraient-elles les meilleures dispositions possibles? Loin de là. Tu n’y verrais point un signe de la tranquillité de son âme; ce serait un irrécusable témoignage de sa stupidité. Sans aucun doute, mes frères, lorsque nous serons parvenus à ce lieu fortuné, à cette. demeure désirable, à cette félicité souveraine, à cette patrie céleste, où notre âme tranquille sera plongée dans une quiétude et une joie éternelles, nous n’y serons sujets à aucune douleur, parce qu’il n’y aura là rien qui puisse nous faire souffrir. « Le grand nombre », dit le Psalmiste, «de ceux qui me font la guerre, sera saisi de crainte». Les hommes stupides, qui ne craignent rien aujourd’hui, seront alors eux-mêmes troublés par l’épouvante, car la terreur qui s’emparera d’eux, sera si grande qu’elle brisera et broiera leur coeur, si endurci qu’il soit. « Le grand nombre de ceux qui me font la guerre sera saisi de crainte; pour moi, Seigneur, j’espérerai en vous ».


  1. Matt. XX, 31.  ↩

  2. I Cor. XV, 53, 54.  ↩

  3. II Cor. VII, 5. ↩

  4. Matt. XXVI, 38.  ↩

  5. II Cor. XI, 29.  ↩

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