9.
« Il a fait tomber dans l’opprobre ceux qui me foulaient aux pieds ». Il a livré à la honte ceux qui l’ont foulé aux pieds, ceux qui l’insultaient lorsqu’il était attaché à la croix, ceux enfin qui l’ont crucifié, comme s’il n’était qu’un homme, parce qu’ils n’ont point compris qu’il était Dieu. Voyez si l’événement n’a pas justifié ces paroles : il n’est pas ici question d’un événement à venir, pour lequel on nous demande notre croyance : il s’agit d’un fait accompli que nous pouvons voir de nos yeux. Les Juifs ont fait souffrir le Christ: ils se sont laissé dominer par l’orgueil contre lui. En quel endroit? Dans la ville de Jérusalem. Ils y étaient les maîtres : voilà pourquoi ils s’y montraient si orgueilleux : voilà pourquoi ils y levaient si hautement la tête. Après la passion du Sauveur, ils en ont été arrachés, et ils ont perdu le royaume à la tête duquel ils n’ont pas voulu placerle Christ. Voyez comme ils sont tombés dans l’opprobre : les voilà dispersés au milieu de toutes les nations, incapables de s’établir n’importe où, ne tenant nulle part une place fixe. Il reste encore assez de ces malheureux Juifs pour porter en tous lieux nos livres saints, à leur propre confusion. Quand, en effet, nous voulons prouver que le Christ a été annoncé par les Prophètes, nous montrons aux païens ces saintes lettres. Les adversaires de notre foi ne peuvent nous reprocher, à nous chrétiens, d’en être les auteurs et de les avoir fait parfaitement concorder avec l’Evangile, afin de faire croire que ce que nous prêchons avait été prédit d’avance: car la vérité de notre Evangile ressort avec évidence de ce fait palpable, que toutes les prophéties relatives au Christ sont entre les mains des Juifs, et qu’ils les possèdent toutes. Par là, des ennemis nous fournissent eux-mêmes, dans ces Ecritures divines, des armes pour réfuter et convaincre d’autres ennemis. Quelle honte leur a donc été infligée? C’est qu’ils sont les dépositaires des livres où le chrétien trouve le fondement le plus solide de sa foi. ils sont nos libraires : ils ressemblent à ces serviteurs qui portent des livres derrière leurs maîtres : ceux-ci les lisent à leur profit : ceux-là les portent sans autre bénéfice que la fatigue d’en être chargés. Tel est l’opprobre infligé aux Juifs : voilà comme s’accomplit en eux cette prédiction si ancienne : « Il a fait tomber dans l’opprobre ceux qui me foulaient aux pieds ». Quelle honte pour eux, mes frères, de lire ce verset, et de ressembler à des aveugles qui se trouvent en face d’un miroir ! Devant les saintes Ecritures, dont ils sont les dépositaires, les Juifs sont dans une condition analogue à celle d’un aveugle devant un miroir: on l’y voit, et il ne s’y voit pas lui-même. « Il a fait tomber dans l’opprobre ceux qui me foulaient aux pieds ».