3.
Mais il en est temps, mes frères; arrivons, s’il. vous plaît, au sujet de ce psaume. Les paroles qu’il renferme sont pleines de douceur : l’Eglise les connaît parfaitement, parce qu’elles ont souvent retenti à ses oreilles. Ce sont les paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ: ce sont les paroles de tout son corps: ce sont celles de l’Eglise militante, de cette Eglise qui voyage comme exilée sur la terre, à travers mille écueils, au milieu d’ennemis qui la flattent et la maudissent. Si tu n’aimes point les adulateurs, tu ne craindras pas davantage ceux qui te feront des menaces. Le Psalmiste a examiné tous les hommes, et il s’est aperçu que tous parlent selon la justice. Qui est-ce qui oserait s’exprimer autrement? Ne s’exposerait-il pas à passer pour un homme injuste? Le Prophète semble donc les entendre tous; on dirait qu’il examine les mouvements de leurs lèvres; il leur adresse cet avertissement: « Si vous parlez vraiment selon la justice1 », si vous parlez sincèrement selon la justice, si votre langage ne dément pas les secrètes pensées de votre coeur, « enfants des hommes, soyez justes dans vos jugements». Ecoute l’Evangile, il s’exprime de la même manière que le Psalmiste: «Hypocrites » , dit le Sauveur en s’adressant aux Pharisiens, « comment pouvez-vous dire de bonnes choses, puisque vous êtes mauvais? Ou bien rendez bons l’arbre et ses fruits: ou bien rendez-les mauvais ». Muraille de boue, pourquoi vouloir te blanchir? Je sais ce que tu es à l’intérieur: tes belles apparences ne me trompent pas. Je sais ce que tu montres : je n’ignore pas davantage ce que tu caches. «Car », suivant le langage de l’Evangile, Jésus-Christ n’avait pas besoin que quelqu’un lui rendît témoignage sur la valeur des hommes, car il savait parfaitement ce qu’il y avait en eux2 » . « Il n’ignorait pas ce qu’il y avait dans le coeur humain », puisqu’il l’avait créé, qu’il s’était fait homme pour ramener l’homme égaré. Voyez-le donc: n’y a-t-il pas une liaison surprenante entre toutes ces paroles: « Hypocrites, comment pouvez-vous dire de bonnes choses, puisque vous êtes mauvais? Si donc vous parlez selon la justice, enfants des hommes, soyez justes dans vos jugements». Avez-vous tenu le langage de la droiture, quand vous avez dit: « Maître, nous savons que vous êtes juste et que vous ne faites acception de personne3? »Pourquoi votre coeur était-il alors plein de ruse méchante? Pourquoi, après avoir détruit en vous l’image de votre Créateur, lui présentiez-vous celle de César? Si l’on a entendu vos paroles, l’expérience a aussi démontré de quelle nature étaient vos jugements ; car, n’avez-vous pas crucifié celui à qui vous donniez le nom de juste? « Si donc vous parlez vraiment selon la justice, que vos jugements soient justes, ô enfants des hommes ». Pourquoi me dites-vous: « Nous savons que vous êtes juste », puisque je prévois d’avance quel sera votre jugement, puisque vous crierez : « Crucifie-le, crucifie-le? » . « Si donc vous parlez vraiment selon la justice, enfants des hommes, soyez justes dans vos jugements ». Qu’avez-vous fait, en effet, lorsque vous avez persécuté le Dieu-Homme, et que vous avez mis à mort votre Roi? De ce que vous l’ayez fait mourir, il ne suivait pas qu’il ne serait pas votre Roi, puisqu’il devait ressusciter. Quand il s’était agi du titre placé sur la croix du Sauveur, et où l’on avait écrit en trois langues différentes, en hébreu, en grec et en latin : « Voici le Roi des Juifs4», un juge, qui n’était qu’un homme, avait su répondre: « Ce que j’ai écrit est écrit ». Et Dieu n’aurait pas su dire: Ce que j’ai écrit est écrit? Oui, il est votre Roi: vivant, il est votre Roi ; crucifié, il est votre Roi; il est ressuscité, il est remonté au ciel; et, là encore, il est votre Roi : plus tard, il reviendra, et malheur à vous, car alors il n’aura pas cessé d’être votre Roi. Allez maintenant, parlez selon la justice, et toutefois ne vous mettez pas en peine de juger avec droiture, ô enfants des hommes ! Vous ne voulez pas juger avec droiture: la droiture présidera au jugement qu’on rendra contre vous. Car il vit, votre Roi; il ne meurt plus: désormais la mort n’exercera plus sur lui son empire5. Il vient: « Violateurs de sa loi, rentrez en vous-mêmes6». Il viendra; corrigez-vous avant sa venue, prévenez son avènement par une humble confession7. Il viendra, et il est votre Roi. Souvenez-vous du titre qui a été attaché à sa croix. Vous avez beau ne pas voir l’inscription, elle y est: quoiqu’on ne la lise pas sur la terre, elle se conserve du moins toujours dans le ciel. Pensez-vous que le texte de cette inscription ait été altéré? Quel est le litre de ce psaume? « Pour la fin; ne corromps rien, à David, sur l’inscription du titre ». Cette inscription du titre n’est donc pas altérée. Le Christ, voilà votre Roi, parce qu’il est le Monarque universel; « parce que la royauté lui appartient et qu’il gouvernera tous les peuples8 ». Dès lors que vous êtes soumis à sa puissance suprême, il vous avertit avant de venir; il vous dit: Je ne vous juge pas encore, mais je vous exhorte à penser à vous, Si je vous fais aujourd’hui des menaces, c’est afin de n’avoir pas à vous juger plus tard et à vous punir. « Si donc, ô enfants des hommes, vous parlez vraiment selon la justice, soyez justes dans vos jugements ».