1.
L’Ecriture a coutume d’indiquer, aux titres des psaumes, les secrètes vérités qu’ils renferment, et d’orner la tête de chacun d’eux de l’énoncé de ces grands mystères, pour nous instruire d’avance du sens caché que nous y trouverons en l’étudiant ; ainsi lisons-nous, au frontispice d’une maison, ce qui s’y passe, le nom de celui qui l’habite ou à qui elle appartient. Voilà pourquoi se trouve écrit, au commencement .de ce psaume, ce que j’appellerais un titre de titre. Car il porte: « Pour la fin. N’altère rien, pour David sur l’inscription du titre ». Voilà bien ce que j’ai appelé un titre de titre. Quelle est l’inscription de ce titre qu’il ne faut pas altérer ? L’Evangile lui-même nous le dit. Lorsque le Sauveur fut attaché à la croix, une inscription rédigée par Pilate fut placée au-dessus de lui ; elle était ainsi conçue Voilà le Roi des Juifs, et se trouvait écrite en hébreu, en grec et en latin1, les trois principales langues de l’univers. Le roi des Juifs a été crucifié ; les Juifs ont crucifié leur Roi; mais, en le crucifiant, ils en ont fait le Roi des gentils, plutôt qu’ils ne l’ont fait mourir. Autant que faire se pouvait, ils ont anéanti le Christ; mais ç’a été à leur détriment, et à notre profit, puisqu’il est mort pour nous et qu’il nous a rachetés au prix de son sang. Nous sommes à même de le voir aujourd’hui : l’inscription de sa croix n’a pas été altérée ; il est le Roi des gentils : il est le Roi des Juifs eux-mêmes. En effet, pour s’être opposés à la rédaction de son titre, sont-ils parvenus à détruire sa puissance royale? Il est Roi, et il exerce son empire, même sur eux. Car il porte en ses mains un sceptre de fer; et, armé de ce sceptre, il gouverne et brise ses sujets. « J’ai été », dit-il, « établi de Dieu pour être roi sur Sion, sa montagne sainte, et pour y prêcher ses préceptes. Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd’hui. Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour votre héritage, et pour domaine jusqu’aux extrémités de la terre. Vous les gouvernerez avec un sceptre de fer, et vous les briserez comme un vase d’argile2 ». Quels hommes gouvernera-t-il ? Quels hommes seront brisés par lui ? Il gouvernera ceux qui lui obéiront; il brisera ceux qui lui feront résistance. Ces mots: « N’altère pas», sont donc une admirable prophétie. Les Juifs étaient allés se plaindre à Pilate, et lui avaient dit: « Garde-toi d’écrire qu’il est le Roi des Juifs, mais écris qu’il s’est déclaré Roi des Juifs » ; car, ajoutèrent-ils, un pareil titre consacre sa royauté sur nous. Et Pilate avait répondu: « Ce que j’ai écrit est écrit3 ». Voilà l’accomplissement de cette parole : « N’altère pas ».